(Saskatoon) Le premier ministre de l’Alberta a déclaré qu’il importait peu que le Québec s’oppose à l’idée d’un oléoduc dans le cadre du projet Énergie Est — le gouvernement fédéral devrait intervenir et le concrétiser, selon lui.

Jason Kenney a soutenu que sa relation avec le premier ministre François Legault s’était quelque peu améliorée après un début difficile.

Mais il a déclaré que M. Legault avait tort en ce qui concerne un oléoduc, faisant valoir que le Québec bénéficie de l’industrie pétrolière.

« Le Québec reçoit environ 13 milliards par an en paiements de péréquation — et la quasi-totalité provient de l’Alberta », a affirmé M. Kenney à l’occasion de la réunion du Conseil de la fédération à Saskatoon mercredi.

« Si vous voulez bénéficier des ressources qui paient les factures dans la fédération, aidez-nous à les développer et à en obtenir un juste prix », a-t-il ajouté.

M. Kenney estime que les pipelines interprovinciaux sont une responsabilité réglementaire fédérale et appelle à l’action peu importe le parti qui remportera les élections fédérales en octobre.

« Ce n’est pas une question partisane », a déclaré M. Kenney. « Qu’il s’agisse du premier ministre (Justin) Trudeau ou du premier ministre (Andrew) Scheer ou n’importe quel autre premier ministre, je m’attendrais à ce qu’il transmette le message aux provinces. »

Le Québec est tout de même devenu un allié de plusieurs autres provinces sur un élément clé : l’opposition à la taxe fédérale sur le carbone.

Le Québec s’est récemment joint à titre d’intervenant dans l’appel de la Saskatchewan à la Cour suprême du Canada, après que cette province a perdu une contestation constitutionnelle de la taxe fédérale sur le carbone en Cour d’appel provinciale.

Legault sur la tarification du carbone

M. Legault a réitéré mercredi que la tarification du carbone au Québec était là pour de bon, même si son gouvernement interviendra aux côtés de la Saskatchewan pour contester en Cour suprême la taxe fédérale sur le carbone.

PHOTO JONATHAN HAYWARD, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, aux côtés de son homologue du Québec, François Legault

M. Legault et le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, ont pris la parole lors d’une conférence de presse commune à Saskatoon, mercredi, en marge de la réunion du Conseil de la fédération.

M. Legault a réitéré que le Québec ne changera pas son système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions, communément appelé « bourse du carbone », qui satisfait aux critères d’Ottawa sur la tarification des émissions. « Comme vous le savez, au Québec, on a un prix sur le carbone, avec une bourse du carbone, donc on n’a pas l’intention de changer de position de ce côté-là », a-t-il dit.

Le premier ministre a rappelé que le Québec se joignait à la lutte de la Saskatchewan dans le seul but de « contester la compétence du gouvernement fédéral dans le domaine de l’environnement ».

« On pense que c’est chaque province qui décide comment elle organise son plan pour réduire les gaz à effet de serre », a-t-il soutenu.

M. Moe et M. Kenney, qui lutte également contre la taxe sur le carbone devant les tribunaux, ont salué l’appui du Québec dans leur contestation judiciaire. Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, a déjà indiqué que sa province intervenait dans l’appel de la Saskatchewan pour s’assurer qu’elle avait la possibilité de s’exprimer sur cette question, même si Charlottetown pouvait être favorable au principe de la taxe fédérale.

Les oléoducs de la discorde

MM. Legault et Moe ont également réitéré leur désaccord sur les oléoducs. M. Moe pense que le transport du pétrole à travers tout le pays, en passant par le Québec, est nécessaire pour développer le secteur énergétique canadien et créer des emplois.

M. Legault, de son côté, est demeuré ferme dans sa position, parce qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale, a-t-il dit.

Le premier ministre a par ailleurs été interrogé sur la proposition du chef conservateur, Andrew Scheer, de créer un « corridor énergétique » qui traverserait tout le pays.

« D’abord, la question du corridor économique, ou énergétique, n’a pas été discuté ce matin, a-t-il répondu. La position du Québec est toujours la même : on est ouvert à exporter de l’hydroélectricité en Ontario, à avoir un oléoduc de gaz […] mais non, on n’est pas d’accord avec un oléoduc de pétrole qui passerait sur le territoire québécois. »

La rencontre des premiers ministres des provinces et territoires se termine jeudi.