(Québec) Les libéraux font appel à la mémoire de Marie-Claire Kirkand, première femme élue à Québec, pour convaincre le gouvernement de la Coalition avenir Québec de ne pas «enlever des droits aux femmes» avec son projet de loi sur la laïcité.  

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de laïcité, Hélène David, a dit mardi qu’elle vivait «une tristesse infinie» à commencer l’étude détaillée du projet de loi 21 dans la salle Marie-Claire Kirkland, récemment inaugurée dans le nouveau pavillon d’accueil de l’Assemblée nationale.  

«Marie-Claire Kirkland […] a donné des droits aux femmes. Le droit de pouvoir s’ouvrir un compte de banque. Le droit de pouvoir signer un bail. C’est dans une salle [portant son nom] que nous entamons des travaux pour enlever des droits aux femmes. Ça, c’est infiniment triste», a dit Mme David en faisant référence à l’ex-politicienne (qui a mené sa carrière politique sous le nom de Claire Kirkland-Casgrain), décédée en 2016 à l’âge de 91 ans.

Pascal Bérubé réplique 

Le chef par intérim du Parti québécois, Pascal Bérubé, a pour sa part dit être révulsé de voir les libéraux utiliser la mémoire de Marie-Claire Kirkland pour défendre leur propos.  

«D’interpréter les pensées posthumes d’un ou d’une élue, ça me révulse. Il faudra s’engager dans le débat […] sans prêter d’autres intentions à des gens qui ne sont pas là pour pouvoir commenter notre actualité politique», a dit M. Bérubé mardi.

Lors de l’étude détaillée du projet de loi 21, le PQ proposera au gouvernement d’étendre l’interdiction du port de signes religieux aux enseignantes des écoles privées subventionnées et aux éducatrices en CPE et en milieu scolaire. Le projet de loi prévoit pour l’instant que les signes religieux seront interdits aux enseignantes et enseignants des écoles publiques, de même qu’à leurs équipes de direction et aux employés de l’État en position d’autorité.  

Québec solidaire a pour sa part indiqué mardi qu’il tenterait de «soustraire le plus de personnes à l’interdiction [de porter] des signes religieux» sans toutefois faire de l’obstruction pour ralentir les travaux parlementaires.  

Le gouvernement Legault a plusieurs fois répété ces dernières semaines qu’il ferait adopter le projet de loi 21 avant la fin de la session parlementaire, le 14 juin. L’adoption du principe du projet de loi a été faite mardi au Salon bleu et l’étude détaillée, article par article, a débuté en après-midi.  

À ce moment-ci, le premier ministre François Legault n’exclut de poursuivre les travaux au-delà de la mi-juin, alors que des partis d’opposition estiment qu’il utilisera plutôt le bâillon pour arriver à ses fins.