Justin Trudeau a été inondé de messages sur l’affaire SNC-Lavalin : entre janvier et avril 2019, son bureau a reçu près de 11 000 pages de correspondances sur le sujet, selon ce qu’a appris La Presse grâce à une demande d’accès à l’information.

L’existence d’un tel volume de correspondances sur l’enjeu qui a plongé les libéraux dans la tourmente vient contredire les nombreux députés et ministres libéraux qui ont juré que cette histoire n’intéressait pas les Canadiens.

Car ils ont été nombreux à prendre la plume ou à pianoter sur leur clavier pour parler SNC-Lavalin.

«Jusqu’à maintenant, nous avons reçu près de 11 000 pages de correspondances», a écrit une analyste de l’accès à l’information du Bureau du Conseil privé, le ministère du premier ministre.

Il n’a pas encore été possible de consulter les correspondances en raison du temps de traitement ; la demande d’accès sera prorogée, et le tout pourrait prendre «plusieurs mois», a-t-elle signalé dans un courriel à La Presse, début mai.

«La majorité sont des courriels. Toutefois, certains de ces courriels pourraient être des duplicatas. À première vue, il y a beaucoup de chaînes de courriels personnels (environ 40-50 pages) avec seulement un ou deux mots sur SNC-Lavalin», a spécifié l’analyste.

On ignore donc quel est la nature des commentaires reçus au bureau de Justin Trudeau. Mais si l’on part du principe que cette affaire a provoqué une glissade des libéraux dans les sondages, on peut raisonnablement déduire que le ton n’est peut-être pas positif.

Par ailleurs, à titre comparatif, lorsque La Presse a fait une demande au sujet du volume de courrier sur le voyage de Justin Trudeau en Inde, on avait fait état de 1591 pages – mais sur une période nettement plus courte, entre le 21 février et le 1er mars 2018.

Les députés et SNC

L’affaire SNC-Lavalin a hanté le premier ministre Trudeau pendant des semaines, et elle continue de lui coller à la peau. Les allégations d’ingérence politique formulées par son ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, ont dominé l’actualité depuis février.

On a clairement ressenti pendant ces longs mois d’hiver l’exaspération dans les rangs libéraux. Mais les députés plaidaient auprès des journalistes que l’affaire n’intéressait pas leurs commettants.

Il y a eu une légère accalmie dans le dossier SNC-Lavalin, mais avec la suspension, hier, de l’accusation d’abus de confiance qui pesait contre le vice-amiral Mark Norman, les attaques de l’opposition sur le thème de l’ingérence présumée ont repris de plus belle.