(Ottawa) Alors que les victimes d’inondations se comptent par milliers au pays – le Québec demeure la province où le nombre d’évacuations est le plus élevé – Ottawa a fait le point mardi sur les opérations menées, en appui aux provinces touchées, pour tenter de contenir la crue printanière.

Ottawa refuse toujours à ce stade de s’engager à verser une compensation financière aux propriétaires de résidences privées qui pourraient être forcés de déménager hors des zones inondables, comme Québec l’évoque depuis le début des inondations printanières. Les élus fédéraux se disent toutefois prêts à participer à une réflexion pour trouver «la solution appropriée» afin d’éviter de revivre année après année les mêmes événements.

«La question des compensations pour des résidences privées [à relocaliser] fera sans aucun doute partie des conversations accélérées que nous aurons avec les provinces, pour examiner la bonne politique à prendre et la façon dont nous partagerons le fardeau», a laissé entrevoir le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale.

«Les discussions s’amorcent à peine et le gouvernement du Canada à ce stade ne retire aucune option de la table», a-t-il ajouté.

Pas question de rappeler l’armée

Le ministre de la Défense nationale Harjit Sajjan a assuré les provinces que les troupes des Forces armées canadiennes resteraient sur le terrain «aussi longtemps que nécessaire» pour prêter main-forte aux sinistrés. «Il n’y a pas de date fixée pour le retrait de nos troupes», a-t-il assuré. M. Sajjan a également indiqué disposer d’une «flexibilité» pour libérer des troupes supplémentaires selon les besoins des provinces.

Quelque 2600 membres des Forces armées canadiennes sont actuellement déployés au pays pour contrer les inondations, dont 1000 au Québec seulement.

Situation maîtrisée au Nouveau-Brunswick

Au Nouveau-Brunswick, la situation est de plus en plus maîtrisée alors que les conditions météorologiques ont offert du répit aux sinistrés. Reste que les aléas de dame Nature pourraient entraîner «une situation radicalement différente», estime M. Goodale. Quelque 9200 résidences et chalets ont été touchés jusqu’à présent par les inondations et on dénombre 490 évacuations.

Le pire à venir en Ontario?

La situation risque de s’aggraver en Ontario, a indiqué M. Goodale, faisant référence aux précipitations attendues dans la région au cours des deux prochains jours. Le niveau d’eau élevé dans le lac Ontario préoccupe les autorités, qui anticipent des conséquences en aval sur le fleuve Saint-Laurent.

À Ottawa, une surveillance particulière est exercée autour du Musée canadien de la guerre et du Musée canadien de l’histoire, situés en bordure de la rivière des Outaouais. Les autorités dénombrent quelque 1600 évacuations, dont la grande majorité dans la communauté autochtone de Kashechewan.

Moins grave qu’anticipé au Manitoba

Les pires scénarios ne se sont pas matérialisés au Manitoba. «Il y a eu des inondations localisées [au sud de Winnipeg], mais rien d’aussi proche que les niveaux atteints lors des années précédentes», a indiqué M. Goodale, qui qualifie la situation de «stable». Pour l’heure, la province n’a fait aucune demande d’aide du fédéral.

Pas d’aide à la Croix-Rouge envisagée

Ottawa n’a pas encore envisagé l’option de verser un don d’urgence à la Croix-Rouge pour venir en aide aux milliers de sinistrés un peu partout au pays. «Pour l’instant, nous nous concentrons à offrir du soutien pour assurer la sécurité des gens et contrer les dommages des inondations», a précisé Ralph Goodale. Reste que le gouvernement fédéral assure qu’il veillera à ce que l’organisation «dispose des ressources nécessaires pour faire son travail».

À Québec, François Legault a promis une aide d’urgence de 1 million à la Croix-Rouge.

Travail sur plusieurs fronts

Les autorités fédérales ont par ailleurs assuré ne pas lésiner sur les ressources déployées pour offrir du soutien aux provinces touchées, avec qui la communication est «bonne et forte», a soutenu Ralph Goodale.

En plus de la Sécurité publique et de la Défense nationale, Transports Canada, Ressources naturelles Canada, Environnement Canada et Services aux autochtones Canada donnent actuellement des services.

Les sinistrés pourront aussi profiter d’un délai pour fournir leur déclaration de revenus à l’Agence du revenu du Canada.