Le gouvernement Legault laisse planer qu'il pourrait réformer le Registre des armes longues, largement boycotté par les propriétaires d'armes. Québec exige toutefois que ceux-ci respectent la loi et qu'ils s'y inscrivent gratuitement avant le 29  janvier prochain.

En vigueur depuis le 29 janvier dernier, 255 000 des 1,6 million d'armes à feu détenues par des Québécois ont été enregistrées. Des regroupements de propriétaires d'armes et des chasseurs, dont le groupe Tous contre un registre des armes à feu, font depuis des appels au boycottage.  

« Je demande à tous ceux qui possèdent des armes à feu de les enregistrer d'ici le 29 janvier prochain. [...] Il y a un projet de loi et il doit être respecté. Les gens doivent s'enregistrer », a déclaré jeudi le premier ministre du Québec, François Legault.

Questionné s'il envisageait de réformer le registre, considérant que plusieurs chasseurs refusent de s'y inscrire, il a répondu : « Pour l'instant, ça fait notre affaire. »

Une vaste campagne de sensibilisation

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a également refusé jeudi de préciser si le gouvernement étendrait la période d'inscription au registre advenant que le boycottage se poursuive.

« On est en train de déployer une vaste campagne de publicités et de communication pour rappeler aux gens leur obligation d'enregistrer leurs armes à feu au système d'immatriculation [...]. Il y a un envoi massif qui a été fait aux détenteurs d'armes à feu pour leur rappeler cette obligation », a-t-elle dit à son arrivée au caucus du gouvernement.  

L'organisme Poly se souvient a pour sa part demandé à Québec de sortir « le bâton » et de rappeler aux contrevenants qu'ils s'exposent à une amende de 5000 $ s'ils n'inscrivent pas leur arme au-delà du 29 janvier.

« En ce moment, je préfère investir mon énergie dans la communication, l'information et la sensibilisation plutôt que dans la spéculation. J'invite les gens à se conformer tout simplement à la loi. L'enregistrement est simple et gratuit », a répondu Mme  Guilbault.

« Je tiens pour acquis que tout est de bonne foi dans ce dossier-là », a-t-elle ensuite ajouté.

À son arrivée à l'Assemblée nationale, jeudi, le député caquiste de Beauce-Sud, Luc Provençal, a pour sa part affirmé que ses « concitoyens apprécieraient qu'il y ait peut-être des modifications [au registre] ».  

Quel genre de modifications ? « Vous verrez », a-t-il répondu sans préciser sa pensée.  

L'opposition réclame de la fermeté

Alors qu'aura lieu jeudi soir une cérémonie de commémoration de la tuerie de Polytechnique, où 14  étudiantes ont été assassinées le 6  décembre 1989 par le tireur Marc Lépine, les partis d'opposition demandent à Québec d'appliquer les amendes aux contrevenants au-delà de la fin de la période d'inscription.

« Il faut que les gens s'inscrivent. On demande à la ministre de la Sécurité publique de surveiller attentivement l'inscription et de vérifier que les gens se conforment à [la loi] », a dit jeudi la députée libérale Hélène David.

« Il faut appliquer le règlement et faire en sorte que les gens disent : "OK, c'est sérieux, je pense qu'il faut que je le fasse et je vais avoir des sanctions si je ne le fais pas." C'est comme un permis de conduire. Si tu ne le fais pas et que tu te fais attraper, ça coûte cher », a-t-elle ajouté.

« C'est la loi et la loi est claire et elle s'applique à tout le monde. Si les gens ne s'inscrivent pas, il y aura des conséquences », a pour sa part plaidé Pascal Bérubé, chef parlementaire par intérim du Parti québécois.

« Au Québec, on a décidé de se doter d'un registre des armes à feu pour améliorer la sécurité. [...] Mme Guilbault doit avoir le courage de tenir bon face au lobby des armes à feu », a ensuite affirmé Christine Labrie, députée de Québec solidaire.

- Avec Martin Croteau, La Presse