La pression a augmenté de plusieurs crans sur Justin Trudeau lundi pour qu'il précise la mission secrète confiée au député Nicola Di Iorio, qui ne s'est pas présenté à la Chambre des communes depuis des mois et continue d'alimenter le flou sur son avenir politique.

Le député de Saint-Léonard - Saint-Michel avait annoncé sa démission en avril dernier, puis fait un discours d'adieu à ses collègues en juin, avant d'affirmer en septembre qu'il souhaitait finalement rester en poste. Nicola Di Iorio s'est ensuite accordé un mois de réflexion pour rendre une décision finale, pendant qu'il s'acquittait de « responsabilités » confiées par le premier ministre.

Après des semaines de spéculations sur la colline parlementaire, et une absence de décision de M. Di Iorio, deux députés conservateurs ont sommé Justin Trudeau de remettre les pendules à l'heure, lundi. « Le premier ministre peut-il dire à la Chambre quelle est cette mission si importante que le député est exempté de se présenter au travail à Ottawa ? » a tonné Candice Bergen, leader du Parti conservateur aux Communes.

M. Trudeau, absent de la période des questions lundi, n'a toujours pas apporté de clarifications. Le cabinet du premier ministre indique laconiquement que son mandat serait lié à la sécurité routière, un dossier cher au député montréalais.

« On s'attend à ce que Nicola fasse une annonce dans les prochains jours », a-t-on indiqué au cabinet du premier ministre. Une attachée de presse n'a pas voulu fournir de précisions à La Presse au sujet de la mission spéciale.

Nicola Di Iorio, payé plus de 170 000 $ par année pour son travail de député, est aussi avocat associé au cabinet d'avocats montréalais BCF. Il n'a pas répondu à une demande d'entrevue formulée lundi. Sur sa page Facebook, il a indiqué vendredi dernier que les responsabilités confiées par Justin Trudeau « requièrent, justifient et autorisent [son] absence de la Chambre ».

Collègues dans le flou

Les collègues libéraux de Nicola Di Iorio semblent eux aussi tout ignorer du mandat secret qui l'empêche de se rendre à Ottawa depuis des mois. Le ministre des Transports Marc Garneau, responsable du dossier de la sécurité routière, a indiqué lundi en mêlée de presse n'avoir « aucune idée » de ses responsabilités spéciales.

Idem pour la ministre du Tourisme et des Langues officielles Mélanie Joly, qui croit cependant que M. Di Iorio « a présentement tous les pouvoirs pour prendre une bonne décision éclairée et pour bien représenter ses concitoyens dans Saint-Léonard ».

Duff Conacher, cofondateur de l'organisme Democracy Watch et professeur à temps partiel à la faculté de droit de l'Université d'Ottawa, juge au contraire que l'absence prolongée de M. Di Iorio au Parlement et le mystère entourant sa mission vont à l'encontre des intérêts des citoyens qui l'ont élu en 2015.

M. Conacher voit en outre d'un mauvais oeil le double emploi d'avocat et de député de M. Di Iorio, qui a récemment prononcé une conférence pendant un salon sur le cannabis à Montréal.

« Vous êtes bien payé, il y a toujours un électeur de votre circonscription qui a besoin d'aide, donc vous devriez vous consacrer à temps plein à votre emploi de député », a-t-il lancé.

Les activités professionnelles extérieures ne sont pas interdites aux élus fédéraux, sauf s'ils occupent un poste au cabinet. Duff Conacher estime que cette façon de faire ne devrait plus exister.