Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, refuse de démettre son chef de cabinet, comme l'a exigé l'opposition officielle.

Pierre-Yves Boivin était jusqu'à la fin de la semaine dernière inscrit au registre des lobbyistes pour la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), qui a fait pression pour l'exploitation pétrolière à l'île d'Anticosti, ainsi que pour un oléoduc controversé qui achemine du pétrole issu des sables bitumineux.

Maintenant que M. Boivin est devenu le plus important conseiller de Jonatan Julien, cela soulève des questions sur son impartialité et contribue au cynisme de la population, selon le Parti libéral du Québec, qui a demandé sa démission. Le porte-parole libéral en matière d'intégrité, Jean Rousselle, avait exprimé son « malaise » et avait évoqué une « énorme apparence de conflit d'intérêts ».

En mêlée de presse mercredi matin avant de se rendre à la séance du conseil des ministres, M. Julien a dit être « très satisfait » du travail de M. Boivin. Le ministre a évoqué les dossiers sur lesquels l'ex-lobbyiste a travaillé auparavant à la FCCQ, soit le transfert énergétique et l'éolien, entre autres.

« Les connaissances de M. Boivin, ses compétences, servent très bien le ministère que je représente, je suis très heureux de travailler avec lui et il a toute ma confiance », a commenté M. Julien.

Quant à savoir si le passé de M. Boivin était compatible avec les conceptions de la CAQ concernant les hydrocarbures au Québec, M. Julien a répété que son chef de cabinet avait « des compétences et des connaissances qui allaient être utiles » pour son ministère.

La semaine dernière, tous les partis d'opposition avaient dénoncé en choeur la nomination de M. Boivin. Ils l'avaient plutôt attaqué sur le plan de sa crédibilité en matière d'environnement et de changements climatiques, eu égard aux dossiers qu'il défendait autrefois.

L'opposition a rappelé que la CAQ était favorable à la prospection des hydrocarbures sur l'île d'Anticosti, jusqu'à la volte-face de François Legault la semaine dernière, qui a même rabroué son ministre des Ressources naturelles sur l'enjeu.

Sur Twitter, le député Jean Rousselle avait également écrit que l'opposition libérale n'allait laisser « aucune marge au nouveau gouvernement sur les questions d'éthique ». De son côté, la CAQ s'est toujours targuée d'être au-dessus de tout soupçon et François Legault avait déjà affirmé qu'il n'était « pas achetable ».

Rappelons que la fonction de chef de cabinet est stratégique. C'est le conseiller principal du ministre, il fait le lien entre le cabinet, le ministère et le cabinet du premier ministre.

Le chef de cabinet de chaque ministre est d'ordinaire nommé par le bureau du premier ministre, mais la CAQ n'a pas répondu à nos questions la semaine dernière, à savoir si c'est bel et bien le bureau de M. Legault qui a attribué M. Boivin à M. Julien. La CAQ n'a pas non plus précisé si M. Boivin avait été mis à contribution pour la rédaction du programme du parti.