Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a déclaré lundi qu'il ne faudra pas tirer de conclusion sur l'avenir de son parti à la lumière des résultats du Bloc québécois au prochain scrutin fédéral.

M. Péladeau a multiplié les apparitions sur le parcours de la caravane du chef bloquiste Gilles Duceppe depuis le début de la campagne électorale, début août.

Le chef péquiste, dont les députés seront réunis pour un caucus de deux jours à Rimouski à partir de mardi, a croisé son collègue bloquiste à deux occasions lundi.

Lors d'un point de presse en compagnie de quelques uns de ses députés, M. Péladeau est demeuré toutefois prudent concernant les conclusions qu'il faudra tirer des résultats du Bloc après le vote du 19 octobre.

«C'est tout à fait normal que nous nous engagions dans cette perspective, a-t-il dit aux journalistes. Nous allons continuer à le faire, comme je l'ai fait en ce qui concerne les partielles de Jean-Talon et Chauveau. Lorsque nous partageons cet objectif, nous devons travailler ensemble et il ne faut pas tirer de conclusions du résultat.»

Juste avant d'aller à un rassemblement militant organisé par des jeunes péquistes où M. Péladeau était également attendu, M. Duceppe, dont le parti ne compte plus que deux députés, a reconnu l'importance de la contribution du chef péquiste.

«Pierre Karl fait énormément et je l'apprécie énormément», a-t-il dit dans un point de presse.

M. Duceppe a cependant affirmé que cette collaboration n'est pas sans précédent. Il a notamment évoqué la collaboration de l'ex-chef péquiste Jacques Parizeau et de l'ex-chef bloquiste Lucien Bouchard.

«À travers toutes ces années, il y a eu des efforts constants des uns et des autres, pour travailler ensemble, parce qu'on partage le même objectif», a-t-il dit.

Quatre employés du Parti québécois, dont son directeur général, Alain Lupien, ont été temporairement prêtés au Bloc, qui les rémunère pour leur travail sur sa campagne.

M. Duceppe a dévoilé mercredi sa stratégie maritime avec laquelle il prévoit qu'un Québec indépendant s'enrichirait notamment grâce à la création d'une garde côtière québécoise avec des bases à Gaspé, Rimouski et une antenne aux Îles-de-la-Madeleine.

Le chef bloquiste, qui était entouré de députés péquistes pour son annonce, a affirmé que ses collègues souverainistes de Québec partagent son point de vue.

S'adressant par la suite aux militants péquistes réunis dans un bar de Rimouski, en début de soirée, M. Duceppe a insisté sur l'importance du vote stratégique souverainiste.

«La bonne stratégie, c'est le vote stratégique, a-t-il dit. Le vote stratégique, c'est d'accorder notre confiance à des hommes et des femmes qui partagent nos intérêts, nos idéaux, nos projets. Si on veut un pays, stratégiquement, on appuie ceux et celles qui veulent un pays, c'est ça avoir une stratégie.»

M. Duceppe a insisté sur le fait que les 53 députés du Bloc ont joué un rôle important, lors du référendum sur la souveraineté de 1995, compartivement à celui de 1980, où la totalité des députés fédéraux étaient fédéralistes.

«Ç'a fait toute une différence, a-t-il dit. C'est ensemble qu'on va construire un pays.»

Par ailleurs, après s'être fait accuser par le premier ministre Philippe Couillard de vanter les mérites de l'indépendance du Québec sans avancer de chiffres sur son impact économique, M. Péladeau a accusé son adversaire de faire pareil concernant les bienfaits du fédéralisme.

Le chef péquiste a soutenu que le premier ministre libéral devrait également préciser les retombées positives du fédéralisme pour l'économie québécoise.

«Lui, il devrait également avoir des chiffres pour faire en sorte de dire que le fédéralisme est payant pour le Québec, au contraire, a-t-il dit. Qui a interrogé les chiffres de la péréquation? Qui a interrogé les chiffres concernant les recettes que nous envoyons à Ottawa et les dépenses qu'Ottawa prétend faire au Québec? Ça non plus, il ne l'a pas fait cet exercice-là.»