Les proches collaborateurs de Stephen Harper ont poussé un soupir de soulagement lorsque les électeurs ontariens ont massivement rejeté leurs cousins provinciaux menés par Tim Hudak et confié un mandat majoritaire au Parti libéral de Kathleen Wynne, le mois dernier.

Les stratèges conservateurs n'oseront jamais exprimer leur satisfaction en public, mais en privé, ils estiment que la cinglante défaite des troupes de Tim Hudak aux élections ontariennes améliore leurs chances de remporter une autre victoire majoritaire à Ottawa aux élections fédérales prévues pour octobre 2015.

C'est que Tim Hudak, s'il avait remporté la victoire, promettait d'administrer un véritable remède de cheval à l'économie de l'Ontario afin de juguler le déficit de la province, qui frise encore les 12,5 milliards. M. Hudak, qui a depuis démissionné comme chef du Parti progressiste-conservateur, proposait notamment de couper 100 000 postes dans la fonction publique de la province.

Une telle mesure aurait provoqué une levée de boucliers, entaché le branding conservateur en Ontario, et les électeurs ontariens n'auraient pas hésité à décharger leur colère sur le Parti conservateur de Stephen Harper sur la scène fédérale lors du scrutin de 2015.

«C'est évident qu'on aurait payé un prix politique pour le remède de cheval de Tim Hudak», affirme-t-on dans les rangs conservateurs.

«Le soir des élections en Ontario, bien des gens ont sorti leur mouchoir en public en constatant la défaite du Parti progressiste-conservateur. Mais ces mêmes gens se rendaient dans les toilettes durant la soirée pour prendre un verre de vodka et pousser un immense soupir de soulagement», a illustré une source conservatrice.

On rappelle d'ailleurs que les libéraux fédéraux ont grandement souffert aux élections de 2006 en Ontario à cause de la décision de l'ancien premier ministre libéral Dalton McGuinty d'imposer une taxe sur la santé. M. McGuinty avait pourtant promis de ne pas augmenter le fardeau fiscal des contribuables aux élections provinciales de 2003.

Ayant obtenu la majorité des sièges à Queen's Park aux élections du 12 juin, les libéraux de Kathleen Wynne devront prendre des décisions difficiles pour venir à bout, comme promis, du déficit de la province d'ici 2017-2018. Les agences de notation menacent d'imposer une nouvelle décote à l'Ontario si le gouvernement libéral n'adopte pas rapidement des mesures d'austérité pour éliminer ce boulet financier.

Impacts sur la scène fédérale

Dans les rangs conservateurs, on estime que les mesures budgétaires que devra prendre le gouvernement de Kathleen Wynne affecteront la popularité du chef libéral Justin Trudeau au cours des prochains mois, alors que le compte à rebours électoral est commencé sur la scène fédérale. Aux prochaines élections, l'Ontario comptera 121 sièges à la Chambre des communes et demeurera donc un terrain de bataille important pour tous les partis politiques.

«C'est Justin Trudeau qui traînera comme un boulet les décisions prises par Kathleen Wynne en Ontario», fait-on valoir dans les rangs conservateurs. D'autant plus que M. Trudeau n'a pas hésité à faire campagne aux côtés de Mme Wynne pour assurer la victoire des libéraux provinciaux.

Malgré l'usure du pouvoir et certains scandales, dont celui de l'annulation de la construction de deux centrales au gaz, le Parti libéral de l'Ontario a remporté 58 sièges, le Parti progressiste-conservateur, 28 sièges et le NPD, 21 sièges.