L'ex-directeur des communications du ministre de l'Environnement, déjà visé par une enquête du commissaire au lobbyisme, vient d'annoncer qu'il rejoignait la firme National, spécialiste en communications et en «relations gouvernementales».

Il a quitté le gouvernement le mois dernier pour des raisons «personnelles et d'ordre familial».

Cet été, Éric Cardinal a travaillé deux mois au sein du cabinet du ministre Yves-François Blanchet alors que son nom figurait encore au Registre des lobbyistes.

Il y disait faire pression sur la première ministre et le ministre des Ressources naturelles pour le compte d'une communauté autochtone qui s'opposait à l'implantation d'une mine d'uranium au nord de Chibougamau. Le gouvernement leur a donné satisfaction en bloquant le projet.

Changement rétroactif

Le jour où ce conflit d'intérêts a été dévoilé dans les médias, en août dernier, Éric Cardinal a plaidé avoir fait une erreur de bonne foi en oubliant de supprimer ses inscriptions au Registre des lobbyistes. Il en a toutefois profité pour modifier rétroactivement son inscription et déclarer avoir aussi fait pression sur le ministre de l'Environnement dans le cadre de son mandat.

Samedi, sur son compte Twitter, Éric Cardinal a précisé qu'il devenait «conseiller principal» chez National. Il s'occupera des dossiers relatifs aux «affaires autochtones», a-t-il ajouté. En entrevue avec La Presse, il a ajouté qu'il ne ferait pas de lobbyisme et se concentrerait sur des mandats de relations communautaires.

«Ma mission de principe vise à aider à l'amélioration des relations entre Autochtones et non-Autochtones», a-t-il plaidé.

En tout, il aura travaillé six mois au sein du gouvernement Marois.

Le chien de garde du lobbying n'a toujours pas fermé son dossier de vérification sur le comportement d'Éric Cardinal. «Ce dossier est toujours en cours au commissaire au lobbyisme», a indiqué à La Presse le porte-parole de l'organisation, Daniel Labonté.

L'été dernier, la Coalition avenir Québec avait demandé au commissaire à l'éthique et à la déontologie de faire aussi enquête sur la situation. «En fermant les yeux sur le passé immédiat de M. Cardinal et ses intérêts financiers directs dans ce dossier [la mine d'uranium], le ministre péquiste de l'Environnement et du Développement durable a gravement entaché la crédibilité du Parti québécois en matière d'intégrité», avait critiqué François Bonnardel dans un communiqué.

Le commissaire a effectivement produit un rapport. Éric Cardinal assure que ses conclusions l'innocentent complètement et qu'il n'a «manqué à aucune règle».

L'attachée de presse du ministre Yves-François Blanchet n'a pas rappelé La Presse.