Même si le Parti québécois songe à modifier son projet de charte des valeurs, les effets dommageables de la législation proposée persisteront longtemps, croit le chef néo-démocrate Thomas Mulcair.

Le gouvernement de Pauline Marois envisagerait d'effectuer des modifications à sa charte de la laïcité - notamment à retirer le crucifix de l'Assemblée nationale.

Selon le chef de l'opposition à Ottawa, les troupes péquistes réalisent un peu tard que leur projet a «entaché» la vision voulant que le Québec est égalitaire et progressiste.

Lors d'une rencontre éditoriale avec La Presse Canadienne mercredi, M. Mulcair a confié croire que le débat entourant la charte péquiste aura des effets à long terme, notamment dans la perception du Canada anglais à l'égard du Québec.

«Je pense que cela aura un écho regrettable longtemps, parce que certaines choses qui ont été dites et certaines choses qui ont été proposées sont complètement déphasées de la réalité», a-t-il soutenu.

M. Mulcair a sévèrement critiqué le projet péquiste lorsque son texte a été dévoilé, soutenant qu'il allait instaurer une discrimination d'État. Il est allé jusqu'à faire savoir que le Nouveau Parti démocratique (NPD) offrirait son aide aux citoyens qui voudraient contester la charte devant les tribunaux, alors que son ami et conseiller, l'avocat Julius Grey, les défendrait sans frais.

À ses yeux, les véritables valeurs québécoises sont celles d'inclusion, de tolérance, d'acceptation de l'autre et d'égalitarisme. Or, le débat sur la charte et les attaques contre certains groupes ont «fait très mal» à l'image du Québec, selon lui.

Mais il semble penser que l'initiative du PQ finira par se tourner contre lui. «Je pense que quiconque cède au plus petit dénominateur commun sur ces sujets en payera le prix à long terme.»

Le chef néo-démocrate n'a pas voulu spéculer sur la nature des changements que le PQ pourrait apporter à sa proposition, mais sa position demeure inchangée.

«On devrait avoir une séparation de l'église et de l'état. Tout le monde s'entend là-dessus. Mais de là à dire que les signes ostentatoires devraient te coûter ton emploi, ça pour moi, la preuve n'est pas encore faite», a-t-il insisté.