Tout au long de ses 49 années de carrière, le Dr Pierre Meunier a été au service d'une seule cause, celle de la santé des femmes. Chirurgien et gynécologue, il n'a pas mis d'enfant au monde, mais il aura aidé des générations de femmes à concevoir la vie et à retrouver la santé. Sans jamais avoir connu lui-même la maladie, il est décédé doucement le 11 octobre à l'âge de 103 ans au terme d'une vie bien remplie.

Né dans une famille d'agriculteurs à Saint-Charles-sur-Richelieu en 1910, il est très tôt remarqué en raison de sa vivacité intellectuelle. Poursuivant ses études au Séminaire de Saint-Hyacinthe, il est encouragé par les prêtres à poursuivre de hautes études. Ses expériences de vie l'amèneront à opter pour la voie de la médecine, plus particulièrement la gynécologie. «Mon père a été bouleversé de voir de quelle manière on traitait les problèmes du système génital des femmes, raconte Jean Meunier, son fils. Sa vocation vient de là, du respect qu'il portait pour le corps de la femme.»

Après l'obtention de son doctorat en médecine, il part à l'âge de 26 ans parfaire sa formation en France. À son retour en 1942, il obtient un poste au Service de chirurgie de l'Hôtel-Dieu de Montréal, hôpital où il exercera toute sa vie. Arrivant dans une période où il n'existe pas de département de gynécologie, il s'affaire à remédier à la situation. Pendant 20 ans, il occupera d'ailleurs le poste de chef de ce service.

Resté fidèle aux valeurs d'entraide et de solidarité, le Dr Meunier accepte d'opérer des patientes gratuitement à l'époque où la carte d'assurance maladie n'existe pas. Il va même jusqu'à acheter avec son propre argent une barre de radium pour démarrer un service de radiothérapie à l'Hôtel-Dieu. «Pendant toute sa vie professionnelle, il a protégé avec compétence et compassion ses patientes contre la maladie et la mort», témoigne sa belle-fille, Natalie Gruer.

Jusqu'à sa retraite à l'âge de 75 ans, il pratiquera trois ou quatre grosses opérations le matin et recevra dans l'après-midi à son bureau entre 10 et 12 femmes. Au total, 40 000 patientes l'auront consulté au cours de sa carrière. «Ses journées étaient une copie carbone l'une de l'autre. Douze heures par jour, il travaillait. C'était presque une vie de moine avec un engagement total envers une cause», raconte son fils.

Le Dr Meunier n'a jamais été avare de son savoir. Pour lui, la valeur d'un homme se mesurerait à son intelligence. En 1959, il est devenu professeur titulaire de gynécologie à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. Une de ses plus grandes qualités en tant que pédagogue sera sa capacité à gérer le stress.

Un passionné d'histoire et un auteur

Homme de peu de mots, le Dr Meunier n'en était pas moins un homme de lettres qui a écrit de nombreux ouvrages. Son livre Diagnostic gynécologique paru en 1966 a d'ailleurs été le premier livre de médecine publié en langue française au Québec.

Au terme de sa carrière de médecin, le Dr Meunier n'a pas cessé d'être actif. Il a continué d'écrire. Passionné d'histoire et très attaché à son village natal, il a raconté, en 1986, l'histoire des Patriotes de 1837 dans un ouvrage intitulé L'insurrection de 1837 à Saint-Charles et le seigneur Debartzch.

À la suite d'une cérémonie qui s'est tenue le 21 octobre, le Dr Pierre Meunier a été inhumé dans le cimetière de Saint-Charles-sur-Richelieu, lieu qu'il affectionnait tant.