Étienne Le Bel, véritable précurseur de la médecine nucléaire au Canada, s'est éteint le 12 octobre, la veille de son 86e anniversaire. Chercheur et professeur émérite, il a grandement contribué à l'avancement de cette spécialité.

Pourtant, le Dr Le Bel se destinait plutôt à l'obstétrique. Dès sa deuxième année de médecine, il a d'ailleurs mis sur pied un laboratoire et développé un test de grossesse sur des souris pour payer ses études et nourrir sa jeune famille. «En 1953, il a été très malade, il a eu une hémorragie intestinale majeure. Ses camarades de classe avaient même réalisé une collecte pour la veuve, mais il s'en est sorti, raconte sa fille, Liliane Le Bel. Son patron lui a suggéré de faire un baccalauréat en sciences au lieu de perdre son année.»

Des réalisations marquantes

Par la suite, il s'est inscrit à l'Université Columbia, à New York, où il a reçu une formation sur l'utilisation des radio-isotopes.

De retour à Montréal, il a fondé le premier laboratoire clinique de radio-isotopes de l'hôpital Notre-Dame-de-la-Merci, puis les services de médecine nucléaire des hôpitaux Hôtel-Dieu, Sainte-Justine et Sainte-Jeanne-d'Arc. En 1968, il a été recruté par l'Université de Sherbrooke pour y créer le département de médecine nucléaire puis le centre de recherche qui porte aujourd'hui son nom.

Une persévérance qui porte ses fruits

L'année suivante, grâce à ses efforts, la médecine nucléaire a été reconnue comme spécialité indépendante par le Collège des médecins du Québec, une première mondiale!

«C'était un chercheur très original et progressiste, un véritable visionnaire, relate Roger Lecomte, directeur de l'axe imagerie médicale au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. Dès la fondation de son département à Sherbrooke, il avait prévu une voûte pour installer un cyclotron afin de produire les isotopes nécessaires aux thérapies et aux diagnostics. En 1980, cet espace était toujours vide et plusieurs voulaient l'utiliser, car nous commencions à être à l'étroit. Il a refusé et a tenu son bout. En 1998, il a finalement obtenu son cyclotron.»

Au fil des ans, il a fréquenté les plus importants centres de recherche nucléaire du monde. Il a notamment présidé la Fédération mondiale de médecine et de biologie nucléaires de 1986 à 1990. Néanmoins, il est demeuré un homme simple. «C'était un personnage reconnu pour sa bonne humeur et sa joie de vivre, témoigne Johannes E. Van Lier, chercheur et ancien collègue. Sa renommée à ce propos a même débordé nos frontières puisqu'en 1979, ses collègues français lui ont décerné le titre de Commandeur d'honneur de l'Ordre du Bontemps de Médoc et de Graves.»

Ses funérailles ont été célébrées le 21 octobre, à Montréal.