Auteur de plus d'une soixantaine de livres et conférencier prolifique, Placide Gaboury a poursuivi sa mission «d'éducation de l'âme» jusqu'à ses derniers instants.

C'est avec son plus récent manuscrit en main qu'il s'est rendu au Centre hospitalier de Trois-Rivières, en ambulance, il y a environ un mois. «À l'hôpital, on lui a annoncé qu'il avait un cancer des reins et qu'il lui restait seulement quelques semaines à vivre. Pour lui, ce n'était pas grave, il n'avait pas peur de mourir. La mauvaise nouvelle, disait-il, c'était que l'hôpital avait égaré son manuscrit», raconte Jean-Sylvain Pelletier, un ami de longue date.

Le document a finalement été retrouvé deux jours plus tard et il y a travaillé jusqu'à la toute fin. «Il a refusé qu'on lui administre de la morphine pour être en mesure de le compléter», note Colette Chabot, une amie qui s'échine à déchiffrer ce document rédigé à la main afin qu'il soit publié. L'appel de l'innocence devrait être lancé l'an prochain. Cet ultime livre de l'auteur qui s'est éteint dimanche porte sur le fait que l'on «vit préoccupé par le visible, mais enraciné dans l'invisible».

Remise en question de l'Église

Placide Gaboury est né et a grandi au Manitoba. Il est entré chez les Jésuites en 1949. Il est demeuré 34 ans au sein de la communauté religieuse et a notamment été professeur de philosophie à l'Université Laurentienne, à Sudbury. «Il a enseigné à ses élèves comment se libérer de la pensée conventionnelle spirituelle pour évoluer. Puis il est allé plus loin et leur a dit de se libérer des enseignements des textes religieux, que la religion n'était qu'une étape et qu'il faut aller plus loin. Ses supérieurs lui ont dit de se plier aux dogmes de l'Église ou de quitter les ordres. Il a choisi de partir», note M. Pelletier.

Il a ensuite multiplié les livres sur la spiritualité, le nouvel âge, l'envoûtement des croyances, le monde invisible, etc. M. Gaboury a également donné de nombreuses conférences au Québec et à l'étranger, dont plusieurs avec l'animateur de radio Jacques Languirand. «C'est un être qui cherchait sa voie. Il l'a recherché à travers tous ses livres et avec les gens qu'il a rencontrés, témoigne-t-il. C'était un homme sympathique, généreux et ouvert aux autres. J'ai beaucoup appris de lui.» Ses amis le décrivent aussi comme un homme érudit, mais simple et qui ne portait pas de jugement sur les autres.

L'auteur de 84 ans a vécu longtemps à Montréal. Depuis cinq ans, il s'était toutefois installé sur une fermette de Sainte-Ursule, en Mauricie, où il prononçait régulièrement des conférences. Ses cendres y seront répandues prochainement. Selon les voeux de M. Gaboury, aucune cérémonie ne sera organisée.