(Ottawa) Un programme tant attendu pour aider les Ukrainiens fuyant la violence et la guerre à demander la résidence permanente au Canada sera officiellement lancé cet automne, a annoncé le gouvernement fédéral samedi alors que des voix s’élèvent pour soulever des questions sur ce qu’on attendrait exactement de ceux qui veulent participer.

Par voie de communiqué, le ministre de l’Immigration Sean Fraser a indiqué que les Ukrainiens qui ont fui les combats et qui souhaitent rester au Canada pourront demander la résidence permanente à compter du 23 octobre, à condition qu’ils aient déjà le statut de résident temporaire et qu’au moins un membre de leur famille soit au Canada. Les parents admissibles comprennent les conjoints, les conjoints de fait, les parents, les grands-parents, les frères et sœurs et les enfants ou petits-enfants d’un citoyen canadien ou d’un résident permanent.

« Alors que nous continuons d’assister à l’impact dévastateur de l’invasion illégale du (président russe Vladimir) Poutine, nous restons résolus à condamner cette violence insensée », a déclaré M. Fraser dans le communiqué.

« Nous continuons d’offrir un soutien indéfectible et une bouée de sauvetage aux familles séparées par ce conflit, notamment par le biais de cette voie de réunification familiale qui aidera les familles ukrainiennes à rester ensemble alors qu’elles reconstruisent leur vie dans leurs nouvelles communautés au Canada », a ajouté l’élu.

Cette annonce est survenue au même moment où un autre programme, qui offrait des visas d’urgence temporaires aux Ukrainiens fuyant l’invasion russe, a officiellement pris fin.

Les Ukrainiens et les membres de leur famille pourront toujours demander de venir au Canada via un visa de résident temporaire, mais ils devront le faire en utilisant les mesures d’immigration préexistantes.

Le gouvernement fédéral a déclaré qu’il continuerait de traiter gratuitement les demandes de visa d’urgence à l’étranger reçues avant la date limite du 15 juillet. M. Fraser avait prolongé le programme en mars alors que la guerre entrait dans sa deuxième année.

Le visa d’urgence était disponible pour un nombre illimité d’Ukrainiens et leur permettait de travailler et d’étudier au Canada pendant trois ans en tant que résidents temporaires, plutôt que réfugiés.

Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a fait savoir que les Ukrainiens titulaires d’un visa auront jusqu’au 31 mars 2024 pour se rendre au Canada dans le cadre des mesures spéciales temporaires.

Plus de 1,1 million de personnes ont présenté une demande et au moins 800 000 visas ont été approuvés au 1er juillet, bien que seulement environ 166 000 Ukrainiens, soit 21 % des titulaires de visa, soient effectivement venus au Canada.

Les familles admissibles à la nouvelle voie d’Ottawa vers la résidence permanente auront jusqu’au 22 octobre 2024 pour soumettre une demande.

Beaucoup de questions

Le directeur général du Congrès ukrainien canadien, Ihor Michalchyshyn, a déclaré que de nombreux détails n’avaient pas encore été publiés sur le cheminement et ses conditions d’admissibilité. Il a dit avoir écrit au ministère de l’Immigration pour demander des éclaircissements.

« Il y a beaucoup de questions pour la population ukrainienne qui regarde ces programmes », a déclaré M. Michalchyshyn.

Le ministère de l’Immigration a déclaré que des informations plus détaillées, y compris sur la manière de soumettre une demande, seront mises à disposition à l’approche du lancement du programme cet automne.

Il a ajouté que la procédure n’affectera pas le nombre de places disponibles dans le cadre du Programme des parents et grands-parents, qui permet aux citoyens canadiens et aux résidents permanents de parrainer leurs parents et grands-parents pour immigrer au Canada. Les Ukrainiens acceptés dans le cadre du nouveau programme viendront s’ajouter à tous les membres de la famille qui déménagent au Canada dans le cadre du programme existant.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés estime que plus de 6,3 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine, et plus de cinq millions seraient déplacés à l’intérieur même de l’Ukraine.

M. Michalchyshyn a déclaré que l’incertitude entourant la résidence à long terme a ajouté à la lutte à laquelle les Ukrainiens fuyant la guerre continuent de faire face.

« La guerre les a jetés dans cette situation où ils ne savent pas combien de temps ils vont être loin de chez eux et combien de temps ils vont rester au Canada et quelles sont les prochaines étapes », a-t-il déclaré.

« Les Canadiens… ont été très accueillants, très généreux, compte tenu des circonstances, et nous espérons que cela continuera, a-t-il poursuivi. Nous savons que cela a été inestimable pour que les gens fassent des transitions rapides hors d’une zone de guerre. »