Les événements de la Fierté au Canada doivent s’adapter en raison du nombre important de menaces en ligne. C’est en partie ce qui a incité le gouvernement fédéral à accorder un financement d’urgence aux organismes de la Fierté à travers le pays pour les aider à payer leurs factures pour la sécurité.

Fierté Canada a ainsi fait savoir que 750 000 $ seront répartis entre les évènements de Montréal, Toronto et Vancouver, tandis que 600 000 $ iront aux plus petites villes et communautés.

Pour la première fois en dix ans d’existence, le Festival de la Fierté de Timmins, en Ontario, a dû prévoir un budget spécifique pour la sécurité en vue de sa programmation de 2023.

Dans les années précédentes, le festival de Timmins n’a jamais reçu de menaces en ligne. Cependant, le discours anti-LGBTQ+ s’est intensifié sur l’internet récemment et la ville de 40 000 habitants du nord de l’Ontario n’a pas été épargnée.

« En général, cela nous coûte 17 000 $ pour toute notre semaine de la Fierté, parce que nous sommes petits », a expliqué la trésorière de Fierté Timmins, Julie Nobert DeMarchi.

« Mais notre facture de sécurité est passée à 3000 $. C’est très différent de ce à quoi nous sommes habitués. »

Les organisations de la Fierté de partout au pays ont été aux prises avec un nombre plus important de menaces, alors que les manifestants anti-LGBTQ+ se sont mobilisés pour s’opposer aux évènements organisés par cette communauté, tels que des spectacles de drag adaptés aux enfants.

La sécurité lors de ces évènements est donc devenue un enjeu majeur pour les organisateurs. Et dans certains cas, pour la toute première fois.

À Timmins, la police était sur place pour le défilé, a souligné Mme Nobert DeMarchi, mais les organisateurs n’ont pas été en mesure de payer pour avoir des agents à un autre évènement, plus tôt dans la journée. Fierté Timmins a donc engagé une entreprise privée de sécurité.

Un manifestant s’est d’ailleurs présenté à cet évènement avec un haut-parleur. Les agents de sécurité et des bénévoles ont cependant formé ce que Mme Nobert DeMarchi a décrit comme un « mur d’amour » pour séparer cette personne des participants. Ils ont également diffusé de la musique pour étouffer ce que disait le manifestant.

« Nous avions un plan de sécurité, a-t-elle assuré. Nous ne savions pas combien de personnes allaient se présenter pour manifester ou ce qui pourrait arriver, nous avons donc dû nous préparer au pire. Cela rend les choses vraiment difficiles. »

Mme Nobert DeMarchi, qui est également présidente du conseil d’administration de Fierté Canada, le regroupement national des organisations de la Fierté, a ajouté que l’organisation avait mené un sondage auprès de ses membres avant la saison de la Fierté de cette année.

« Toutes les communautés ont remarqué une augmentation de la haine en ligne, une augmentation des messages haineux et des préoccupations supplémentaires concernant la planification de leurs évènements », a-t-elle déclaré.

La manière de répondre à ces préoccupations variait d’un endroit à l’autre. Dans certains cas, les évènements extérieurs ont été déplacés à l’intérieur. Dans d’autres, comme à Timmins, les organisateurs ont payé pour de la sécurité privée en plus de la présence policière.

Un problème partout au pays

Plus à l’ouest, à Steinbach, au Manitoba, la Gendarmerie royale du Canada et la police locale seront sur place pour le défilé.

« Il y a tellement de négativité, tellement de villes et de communautés qui ont ces gros problèmes de sécurité, a déploré le président de Fierté Steinbach, Chris Plett. Nous étions très nerveux quant à la façon dont tout allait se passer cette année. »

Les évènements de la Fierté à Steinbach ont toujours été très controversés, puisque la ville de 17 000 habitants est située dans une région très religieuse du Manitoba. La communauté LGBTQ+ locale a tenu sa première marche en 2016, malgré de nombreuses oppositions. Les élus, comme le maire et les députés, ne s’y sont pas encore présentés, a noté M. Plett.

Pour se préparer à toutes les possibilités, M. Plett a indiqué que les organisateurs mettaient en place un système de « cadets » pour aider la police.

« Notre plus grand objectif est de nous assurer que les personnes présentes ne réalisent pas à quel point la sûreté et la sécurité ont été amplifiées. On veut qu’elles puissent simplement s’amuser et profiter de leur journée », a soutenu l’organisateur.

L’ajout de ce niveau de sécurité augmente la charge de travail des équipes. À Toronto, le coût des services de police pour l’organisation des évènements de la Fierté a plus que doublé, tandis que le prix de la sécurité privée a augmenté de 25 %. L’assurance a coûté cette année plus de 300 000 $, comparativement à 67 000 $ en 2022.