(Ottawa) Le gouvernement canadien et le plus important syndicat de la fonction publique fédérale préviennent tous les deux qu’il y aura des interruptions de service probables, alors que près du tiers de tous les employés fédéraux étaient en grève pour une deuxième journée consécutive, jeudi.

Le débrayage des membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) pourrait entraîner un arrêt complet de la « saison des impôts », des retards aux frontières et des pauses dans les nouvelles demandes d’assurance-emploi, d’immigration et de passeport.

Les employés du gouvernement fédéral ont déclenché une grève légale illimitée à minuit une mercredi, et installé des lignes de piquetage devant plus de 250 bureaux à travers tout le pays, ce qui constitue l’une des plus importantes grèves de l’histoire du Canada.

La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, a indiqué jeudi midi que les négociateurs du gouvernement étaient de retour à la table jeudi afin de conclure « un accord équitable pour les employés et raisonnable pour les contribuables, le plus rapidement possible ».

Ces négociations impliquent quelque 155 000 fonctionnaires fédéraux, dont 35 000 employés de l’Agence du revenu du Canada (ARC), mais aussi environ 46 000 travailleurs dits « essentiels » qui ne font pas la grève.

Le Conseil du Trésor affirme que la majorité des travailleurs fédéraux à temps plein dans quatre unités de négociation, qui représentent 120 000 employés, gagnent entre 50 000 $ et 75 000 $, alors qu’environ 3 % gagnent moins de 50 000 $.

Le syndicat demande une augmentation globale de 13,5 % sur les trois prochaines années, affirmant que ces hausses sont nécessaires pour suivre le rythme de l’inflation et du coût de la vie.

Le Conseil du Trésor et l’ARC disent qu’ils ont offert au syndicat une augmentation de 9 % sur trois ans, sur recommandation de la Commission de l’intérêt public (1,5 % pour 2021, 4,5 % pour 2022 et 3 % pour 2023).

Au deuxième jour de cette grève, des centaines de travailleurs ont convergé jeudi matin vers la ligne de piquetage sur la colline du Parlement, armés de pancartes, de mégaphones et de leurs chiens.

Le fonctionnaire Paul Jones expliquait que les employés fédéraux ne font pas la grève pour le plaisir : « nous voulons retourner au travail, nous souffrons et j’espère qu’ils reviendront à la table avec une vraie offre ».

M. Jones admet que les fonctionnaires gagnent plus que le salaire minimum, mais il soutient qu’ils ne gagnent pas assez pour soutenir leurs dépenses pendant une période de forte inflation.

Le président national de l’AFPC, Chris Aylward, déclarait aux journalistes mercredi que les membres étaient prêts à faire la grève « aussi longtemps qu’il le faudra ».

« Les travailleurs en ont assez, les travailleurs sont frustrés et les travailleurs disent : “Assez, c’est assez !” On est tannés de ces offres ridicules. »