Le transport collectif a nettement plus souffert de la pandémie que l’automobile, avec comme grands perdants le métro, le train et l’autobus, confirment de nouvelles données pancanadiennes. Globalement, l’utilisation du transport en commun pour se rendre au travail a diminué de moitié par rapport à environ cinq ans plus tôt.

C’est ce que montrent les chiffres de recensement sur le navettage publiés mercredi par Statistique Canada. En mai 2022, le nombre de personnes utilisant une voiture pour se rendre au travail était d’environ 12,8 millions de personnes, un nombre légèrement plus élevé qu’en 2016. Pour le transport collectif, c’est une toute autre réalité : alors qu’en 2016, on comptait plus de deux millions de passagers à l’heure de pointe, à peine 1,2 million y étaient toujours en mai dernier.

Dans le métro, la baisse d’achalandage entre 2016 et 2022 est particulièrement frappante : de 523 000 à 271 000 usagers quotidiens, la diminution est de l’ordre de 48 %.

Idem dans le train, où les 248 000 passagers se sont évaporés en quelques années, n’étant dorénavant à peine plus que 100 000, soit une baisse de plus de 58 %. Il incombe toutefois de préciser que seules quelques grandes villes possèdent des systèmes de métro au Canada.

La voiture encore reine

Parti de presque 1,2 millions de navetteurs quotidiens, l’achalandage dans l’autobus n’est plus l’ombre de ce qu’il était ; en mai dernier, moins de 800 000 usagers fréquentaient toujours une ligne locale le matin ou le soir, une baisse d’environ 33 % depuis 2016. Même la marche (-15 %) et le vélo (-2 %) semblent avoir perdu des plumes, avec des baisses respectives d’environ 125 000 et 5000 usagers en heure de pointe.

Toutes ces pertes se sont faites au profit de seulement deux modes de transport : la voiture, qui a gagné environ 2,5 %, et la motocyclette. Celle-ci est d’ailleurs passée de 25 000 à 37 000 usagers quotidiens en entre 2016 et 2022, soit un bond significatif de presque 44 %.

Fait à noter : en 2021, la voiture avait aussi perdu beaucoup d’usagers quotidiens – environ 1,7 million de personnes de moins prenaient la route, soit 13,2 % –, mais ce moyen de transport a rapidement repris du poil de la bête au fil du déconfinement global au Canada.

Pour les chercheurs de Statistique Canada, il demeure néanmoins encore « trop tôt pour dire si les répercussions de la pandémie sur l’utilisation du transport en commun pour se rendre au travail sont temporaires ou durables ».

Une idée du portrait à Montréal

Seulement dans le Grand Montréal, ce sont près de 1,2 millions de personnes qui utilisent la voiture au quotidien pour se rendre au travail. Ces personnes mettent en moyenne 25 minutes pour arriver au bureau, même si ce délai peut légèrement augmenter en cas de covoiturage.

C’est encore nettement plus long dans le transport en commun, peu importe le mode, où le temps de trajet est en moyenne de 43 minutes dans la métropole. Dans les trains, les navetteurs montréalais mettent en moyenne 58 minutes pour se rendre au travail.

D’ailleurs, Montréal fait partie d’un club sélect de quatre villes canadiennes, avec Toronto, Hamilton et Vancouver, où la proportion de travailleurs faisant la navette en automobile pendant une heure ou plus a diminué entre 2016 et 2022. Dans la métropole québécoise, ce chiffre est en effet passé de 7,2 % de la population à 5,6 % durant cette période.

Montréal est aussi la ville canadienne comptant le plus grand nombre de personnes se rendant au travail à pied, avec 89 000 personnes quotidiennement. Elle est suivie par Toronto (86 000) et Vancouver (62 000).

Lundi, la Société de transport de Montréal (STM) a dit s’attendre à retrouver entre 75 et 80 % de son achalandage prépandémique au courant de 2023. Actuellement, dans les bus et le métro, ce chiffre est d’environ 69 % la semaine, mais il remonte à environ 79 % durant le week-end.