« Coupable de meurtre ? », a soufflé Nathalie Beaulieu, déconcertée, puis bouleversée par l'émotion en répétant les mots prononcés par le président du jury. Au terme de quatre jours de délibérations, vendredi, le jury a reconnu Randy Tshilumba coupable du meurtre prémédité de Clémence Beaulieu-Patry, écartant ainsi la défense de non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux de l'accusé, malgré des diagnostics de « schizophrénie » et de « trouble délirant ».

« Le soleil brillait beaucoup aujourd'hui... Clémence était là, en arrière de nous », a sangloté Nathalie Beaulieu, à la sortie de la salle. Les parents de Clémence Beaulieu-Patry, assassinée par Randy Tshilumba en avril 2016 dans un supermarché Maxi, ont poussé vendredi un long soupir de soulagement, suivi de larmes et de sourires de pure joie. « On va pouvoir continuer notre deuil », a dit la mère de la jeune femme de 20 ans, la voix cassée.

La Couronne a réussi à convaincre le jury que l'homme de 21 ans avait l'intention de tuer Clémence Beaulieu-Patry et qu'il avait prémédité son geste, malgré des signes d'un début de maladie mentale. Imperturbable à l'annonce du verdict, Randy Tshilumba a été condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

« On est heureux, on est satisfaits du verdict. On avait une preuve très complète, on avait des éléments qui nous permettaient de voir l'accusé avant, pendant et après. Et les recherches internet, ça nous permettait d'en savoir plus sur l'état d'esprit de l'accusé », a commenté la procureure de la Couronne Catherine Perreault. L'avocat de la défense Philippe Larochelle n'a pas réagi.

Plusieurs gestes de l'accusé étaient au coeur de la thèse de la Couronne, dont le port de gants de football au moment de poignarder sa victime 14 fois en moins de 20 secondes. Après le meurtre, il avait changé d'apparence grâce aux vêtements de rechange qu'il transportait dans son sac à dos en se cachant dans les toilettes des femmes d'un Tim Hortons. Randy Tshilumba a ensuite cherché sur l'internet de l'information pour « se débarrasser de preuves », « brûler des vêtements » et réussir un « meurtre parfait ».

Ainsi, les 12 jurés n'ont pas jugé fort probable que Randy Tshilumba ait souffert d'un trouble mental au moment de tuer son ex-camarade de classe du secondaire et que ce trouble mental l'ait rendu incapable de juger que son geste était mauvais. Deux psychiatres de la défense avaient conclu que le jeune homme souffrait d'une « schizophrénie paranoïde » et d'un « trouble délirant » à l'époque où le crime a été commis.

Un groupe de cinq amies était au coeur du « délire » de Randy Tshilumba. Selon lui, a plaidé la défense, Clémence Beaulieu-Patry et ses amies l'espionnaient et cherchaient à le tuer depuis des mois. « Terrifié », il s'était équipé d'un couteau de chasse. Le soir du meurtre, c'est pour « faire la paix » qu'il était allé voir la victime, à qui il avait pourtant parlé une semaine plus tôt au Maxi. Celle-ci aurait refusé son offre de sortie.

Pour la Couronne, même s'il souffrait peut-être d'un problème de santé mentale en avril 2016, Randy Tshilumba était en mesure de discerner le bien du mal et de préméditer son crime. « À un moment donné, [pour être déclaré] non criminellement responsable pour santé mentale, ça va prendre des dossiers plus solides, c'est ça que ç'a prouvé, a affirmé la mère de Clémence Beaulieu-Patry. Il y a un prix à payer pour assassiner une jeune femme, notre fille d'amour... »

« C'est une enfant qu'on a aimée depuis qu'elle est née », a confié Luc Patry. À ses côtés, sa femme était secouée d'un bruyant sanglot. Pour Nathalie Beaulieu, pas question de pardonner. « Je n'ai jamais nommé son nom, et je ne le nommerai jamais. Pour moi, c'est l'assassin, le meurtrier. Je suis contente, il va être 25 ans en prison. On va avoir 25 ans de paix... », a-t-elle affirmé, convaincue.

Photo tirée de Facebook

Clémence Beaulieu-Patry