Des coups de feu tirés par des chasseurs et entendus dans une école primaire de Saint-Colomban, dans les Laurentides, ont entraîné le déclenchement d'un « code noir » et le confinement d'élèves vendredi dernier. Une fausse alerte qui laisse des parents inquiets.

C'est le concierge de l'école de la Volière qui a entendu les déflagrations et composé le 911 un peu avant 7 h. Un « code noir », qui prévoit des mesures de confinement, a été rapidement déclenché.

« Il y a quelques membres du personnel et des élèves du service de garde qui ont été confinés. On a [dérouté] nos autobus vers une autre école, le temps qu'on ait le OK des policiers pour réintégrer » les élèves, explique la responsable des communications de la commission scolaire de la Rivière-du-Nord (CSRDN), Nadine Brochu.

Quelques heures plus tard, la direction de l'école a expliqué aux parents que ce sont des chasseurs qui avaient causé le branle-bas de combat. Ils se trouvaient sur l'autre rive de la rivière du Nord, dans la municipalité de Mirabel.

« Ceux-ci n'ont jamais enfreint le règlement en vigueur stipulant qu'il leur est interdit de se trouver à l'intérieur d'un périmètre de 300 mètres de l'école. »

- La direction de l'école de la Volière dans une lettre envoyée aux parents

La police de Mirabel confirme que les chasseurs étaient en règle. « Ils ont été contrôlés et il n'y a pas d'infraction », dit son porte-parole Pierre Morel.

Des mots qui ne rassurent pas Priscilla Piché Bourbonnais, dont la fille de 6 ans fréquente l'école. Elle croit que les chasseurs devaient se trouver plus près de l'établissement que ne le laissent entendre les policiers, puisque le personnel de l'école, qui a en principe l'habitude d'entendre des coups de feu pendant la saison de la chasse, a alerté les autorités.

« Ils ont dû juger que c'était plus fort que d'habitude », dit la mère, qui refuse de laisser sa fille participer à la marche quotidienne dans le boisé derrière l'école tant qu'elle n'aura pas de garanties qu'une « balle perdue » ne menacera pas les enfants.

LE VENT COUPABLE ?

Patrice Cyr chasse les oiseaux migrateurs dans la région depuis une vingtaine d'années. Il avance que le vent a pu faire croire que la source du bruit était plus près de l'école qu'elle ne l'était en réalité.

Il appelle malgré tout à une responsabilisation des chasseurs. « Il y a beaucoup de terres agricoles dans la région. Est-ce que c'est insouciant de se mettre dans les limites d'une école ? »

« C'est bien beau de dire que les chasseurs étaient légaux, mais si les sons se dirigent vers l'école, il faut avoir une conscience et penser à se diriger vers d'autres terres. »

- Patrice Cyr, chasseur

Contrairement à la croyance populaire, ajoute Patrice Cyr, les fusils utilisés pour la chasse aux oiseaux migrateurs ont une portée limitée et ne peuvent pas « tirer jusqu'aux nuages ». « Il y a beaucoup de gens mal informés », estime le chasseur.

UNE RÉGLEMENTATION QUI ÉVOLUE ?

L'école de la Volière et le bois situé derrière sont dans une zone de Saint-Colomban où l'usage des armes à feu est interdit. Priscilla Piché Bourbonnais déplore que la réglementation en matière de chasse n'ait pas évolué avec la création de nouveaux quartiers dans les Laurentides et appelle à une révision.

Au contraire, dit le maire de Saint-Colomban : l'interdiction faite par la municipalité d'utiliser des armes à feu à moins de 250 mètres des résidences assure que la réglementation suit la croissance urbaine.

Depuis 10 ans, la population de la ville a presque triplé. « Quand la chasse à l'outarde et au canard débute, les chasseurs se promènent le long de la rivière du Nord. Il y a beaucoup de citoyens qui arrivent de Laval et de Montréal qui n'ont pas l'habitude d'entendre une détonation », dit Xavier-Antoine Lalande.

Comment distinguer un bruit d'arme causé par la chasse et une réelle menace ? « Vous avez la même réponse que moi, je ne le sais pas », dit le porte-parole de la police de Mirabel, Pierre Morel. En cas de doute, il appelle les citoyens à contacter les policiers pour qu'ils vérifient l'information.

« SENSIBILISATION ACCRUE AU DANGER »

La CSRDN, qui possède plusieurs écoles en milieu rural, estime quant à elle que les règles en place sont suffisantes et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. La cohabitation avec les chasseurs ne pose généralement pas problème, rappelle sa porte-parole Nadine Brochu.

Les exercices de confinement faits de façon régulière à l'école ont peut-être causé une « sensibilisation accrue au danger », poursuit-elle.

« Ça fait partie des protocoles : en cas de doute, il faut appeler la police et la police décidera de ce qu'il faut faire. Pour éviter le pire, mieux vaut confiner et ne pas prendre de risque », conclut Nadine Brochu.

Photo André Pichette, La Presse

Patrice Cyr chasse les oiseaux migrateurs dans les Laurentides depuis une vingtaine d'années.