L'affaire Marcel Aubut refait surface. L'avocate Amelia Salehabadi-Fouques, qui allègue avoir été harcelée sexuellement à trois reprises par l'ex-président du Comité olympique canadien (COC), a déposé une poursuite de 448 000 $ contre l'homme d'affaires. Une autre femme qui se dit victime de Marcel Aubut s'est aussi confiée pour la première fois à visage découvert.

Dans une poursuite au civil, déposée cette semaine à Montréal, Amelia Salehabadi-Fouques réclame 448 000 $ en dommages et intérêts ainsi qu'en dommages punitifs. Il y a environ un mois, une mise en demeure aurait d'ailleurs été envoyée à l'ancien propriétaire des Nordiques.

Dans sa requête, l'avocate d'expérience dénonce une agression survenue pendant une rencontre professionnelle alors que Marcel Aubut était à ce moment là président du comité olympique canadien.

«[M. Aubut] tenta un baiser violent, non sollicité, ni encouragé par [Mme Salehabadi-Fouques] et ce, d'aucune manière que ce soit, le tout, tel qu'il le sera démontré lors de l'audition; [Mme Salehabadi-Fouques] fut excessivement choquée, intimidée et profondément dégoutée par ce geste; Une fois dans le taxi, elle s'effondra en larmes jusqu'au moment d'arriver chez elle», indique-t-on.

Il y a quelques jours, Me Salehabadi-Fouques sommait également le syndic du Barreau du Québec de revoir sa décision et de porter sa cause devant le Conseil du Barreau. L'avocate spécialisée en droit du sport avait déposé une plainte contre Marcel Aubut dans la foulée de la controverse entourant ses agissements et ayant mené à sa démission du COC, en octobre 2015.

Le syndic du Barreau du Québec avait refusé de porter la cause devant le Conseil du Barreau, et Me Salehabadi-Fouques avait abandonné sa plainte, notamment en raison des pressions qu'entraînaient les procédures sur sa famille et son fils de 15 ans, toujours selon TVA.

Entrevue télévisée

Une femme qui affirme avoir été victime de Marcel Aubut est également sortie de l'ombre hier. L'ex-directrice générale de la Fondation olympique canadienne, Leanne Nicolle, a accordé une entrevue exclusive à la chef d'antenne de CTV, Lisa LaFlamme, pendant laquelle elle raconte ce qu'elle aurait subi pendant les années où elle a eu à travailler avec l'homme d'affaires.

En septembre 2015, Marcel Aubut s'est temporairement retiré de ses fonctions le temps que le COC mène une enquête interne en lien avec une plainte de harcèlement sexuel déposée par une employée de la Fondation olympique canadienne, avait-on appris. Plusieurs femmes ont dénoncé dans les semaines qui ont suivi les comportements inappropriés de M. Aubut.

Mme Nicolle, qui est entrée en poste en 2013, confie que l'histoire a commencé par des compliments faits par Marcel Aubut à son endroit, à propos de sa beauté, de sa taille et de son intelligence. Elle raconte à CTV qu'elle le percevait à ce moment comme « un homme coincé dans une autre époque ». C'est lors des Jeux de 2014 à Sotchi que la situation se serait dégradée.

Marcel Aubut « réprimandait constamment » les employés au point de les « briser », dit-elle. En plus du harcèlement psychologique allégué, Mme Nicolle lui reprochait aussi une proximité physique inappropriée. Elle prétend que son estime de soi a été affectée, qu'elle s'est également sentie isolée. Elle se rappelle aussi avoir été en colère et avoir eu peur de lui.

« Les évènements récents » ailleurs dans le monde, liés à des histoires de harcèlement et de harcèlement sexuel, ne sont pas étrangers à la décision de Leanne Nicolle de prendre la parole publiquement pour la première fois depuis le dépôt de sa plainte, il y a deux ans. Les allégations contre Marcel Aubut n'ont jamais été portées devant la justice.

- Avec Louis-Samuel Perron

Photo tirée du site de CTV

Leanne Nicolle en entrevue à CTV