Pierre Hamilton a beau dire que les Hells Angels ont changé depuis la guerre des motards qui a fait 160 morts et autant de blessés durant les années 90, ce n'est pas ce que voulaient entendre les commissaires aux libérations conditionnelles, qui lui ont refusé sa libération conditionnelle et la maison de transition, à l'issue d'une audience tenue jeudi.

Étiqueté comme un « membre influent » de la section de Québec par les autorités, l'homme de 51 ans continue d'afficher son appartenance aux Hells Angels et à fréquenter les autres membres entre les murs. Précisons toutefois qu'habituellement, les membres d'une même organisation criminelle sont détenus dans les mêmes secteurs ; ces décisions sont prises par les services correctionnels après évaluation.

Selon la décision de six pages de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, Hamilton croit que la guerre des motards n'aurait jamais dû avoir lieu. Il a dit « ne pas être nécessairement en accord avec tous les crimes commis par les Hells Angels et les décisions qu'ils ont prises au fil des ans », mais a ajouté croire « que le club a changé de direction depuis les dernières années ».

Le document révèle qu'Hamilton a terminé ses études collégiales et occupé un emploi, et que rien ne laissait présager qu'il allait adopter un comportement criminel à 29 ans, âge de ses premiers délits. Il a dit avoir été attiré par les Hells Angels en raison « de la moto et de l'esprit de rassemblement ». Selon le document, Hamilton avait son propre réseau de trafic de drogue pour le compte des Hells Angels.

Détenu turbulent

Les commissaires lui reprochent d'avoir été un « investisseur » dans le trafic de tabac au pénitencier et d'avoir été impliqué dans une importante livraison par drone à l'Établissement à sécurité moyenne Archambault de Sainte-Anne-des-Plaines en 2014, rapportée par La Presse un an plus tard. 

Hamilton nie toutefois avoir participé à cet événement et a tenté de faire retirer cette tache à son dossier.

Les commissaires écrivent également que durant sa détention, Hamilton a participé à des paris sportifs et qu'une liste de noms et de numéros a été trouvée dans sa cellule en février 2015. Ils lui reprochent aussi d'avoir repeint sa cellule sans autorisation en mai dernier.

Plan de sortie faible

Hamilton a indiqué qu'une fois libre, il voulait vivre avec une personne qu'il a connue récemment, avec laquelle il n'a jamais cohabité et qu'il n'a même pas côtoyée lors de visites familiales privées au pénitencier. Il a dit vouloir reprendre ses études qui seraient payées par des prêts et bourses, et travailler à temps partiel.

Il a également admis vouloir reprendre contact avec les Hells Angels une fois sa peine terminée. Les commissaires n'ont pas été convaincus à l'écoute de ce plan de sortie.

Hamilton a aussi affirmé vouloir reprendre sa vie en main et cesser les activités criminelles, mais les commissaires sont restés de glace, se souvenant que durant la guerre des motards, il a pris part à un événement au cours duquel une mitraillette a craché des projectiles.

« La Commission constate que votre criminalité est extrêmement préoccupante. Il s'agit d'une criminalité appartenant à un groupe criminalisé que vous avez choisi et que vous choisissez de maintenir. La violence a fait partie intégrante de vos valeurs délinquantes. Dans le cadre de vos activités criminelles principalement orientées vers le trafic de drogues, vous vous êtes engagé dans une guerre de clan qui a fait de très nombreuses victimes directes et indirectes », écrivent notamment les commissaires.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

PIERRE HAMILTON EN CINQ DATES

• 1998 Devient membre des Hells Angels de Québec

• 2003 Condamné à plus de cinq ans de pénitencier pour trafic de stupéfiants et gangstérisme

• 2009 Arrêté dans l'opération SharQc

• 2013 Plaide coupable à un chef de complot de meurtre et est condamné à plus de 15 ans d'emprisonnement

• 2016 Voit sa sentence réduite de moitié, soit à huit ans et trois mois, par la Cour d'appel