(Longueuil) Un ancien employé d’Hydro-Québec accusé d’espionnage pour le compte de la Chine a enregistré vendredi un plaidoyer de non-culpabilité à deux nouvelles accusations portées contre lui en février.

Ses avocats ont par ailleurs tenté d’obtenir davantage de preuves dans son cas.

Yuesheng Wang a comparu vendredi au palais de justice de Longueuil pour répondre des deux autres chefs d’accusation portés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en vertu de la Loi sur la protection de l’information. Il est maintenant aussi accusé d’avoir commis des actes préparatoires au nom d’une entité étrangère et d’avoir informé de ses intentions cette entité – la République populaire de Chine.

En novembre 2022, M. Wang était devenu la première personne accusée d’espionnage économique en vertu de la Loi sur la sécurité de l’information du Canada. Il avait alors été accusé de quatre chefs : obtention de secrets industriels, fraude pour avoir obtenu des secrets industriels, abus de confiance par un fonctionnaire public et utilisation non autorisée d’un ordinateur.

Le procureur fédéral au dossier, Marc Cigana, a expliqué vendredi aux journalistes que les deux nouvelles accusations avaient été ajoutées après un examen plus approfondi des preuves et des faits déjà recueillis dans cette affaire.

L’Équipe intégrée sur la sécurité nationale de la GRC avait ouvert une enquête en août 2022 après avoir reçu une plainte de la Direction de la sécurité corporative d’Hydro-Québec.

La GRC allègue que M. Wang a relayé des informations sur Hydro-Québec à une université chinoise et à des centres de recherche chinois. Il aurait aussi publié des articles scientifiques et déposé des brevets auprès d’eux plutôt qu’auprès de la société d’État québécoise.

La GRC allègue également que M. Wang a utilisé des informations sans le consentement d’Hydro-Québec, portant ainsi atteinte à la propriété intellectuelle de son ancien employeur, le Centre d’excellence en électrification des transports et stockage d’énergie d’Hydro-Québec, à Varennes, en Montérégie.

Le procureur Cigana a déclaré vendredi au tribunal que le nœud de l’affaire concernait les demandes que M. Wang aurait faites à Pékin pour participer au programme « Mille Talents » – un outil de recrutement utilisé par le gouvernement chinois pour inciter des scientifiques formés à l’étranger à rentrer travailler en Chine.

Me Cigana a soutenu vendredi que selon l’interprétation par la Couronne de ses documents de demande pour participer au programme, M. Wang semble avoir promis de transférer la technologie vers la République populaire de Chine.

Matériaux de batteries

Recruté par Hydro-Québec en 2016, M. Wang, un ressortissant chinois titulaire d’un visa de travail, a été libéré sous plusieurs conditions, notamment celle de rendre son passeport chinois, d’accepter le suivi GPS et de se présenter à la GRC chaque semaine.

Le chercheur a travaillé sur les matériaux de batteries au Centre d’excellence en électrification des transports et stockage d’énergie d’Hydro-Québec. Le centre développe des technologies pour les véhicules électriques et les systèmes de stockage d’énergie.

Hydro-Québec l’a congédié en novembre 2022 et la police l’a arrêté, craignant qu’il ne fuie le pays.

M. Wang, résidant de Candiac, a nié les accusations et a déclaré qu’il avait l’intention de se battre pour blanchir sa réputation. Il a déclaré au tribunal que les informations privilégiées qu’il aurait envoyées n’étaient pas secrètes et étaient « source ouverte ».

Vendredi, ses avocats ont réclamé l’accès à 78 000 échanges de courriels qui se trouvent sur les ordinateurs que l’accusé utilisait lorsqu’il travaillait à Hydro-Québec. La société d’État refuse l’accès à l’information depuis avril dernier, a déploré l’avocat de la défense Gary Martin. Il a déclaré aux journalistes que son client avait le droit d’obtenir ces courriels et qu’il en avait besoin pour monter une défense adéquate.

La Couronne ne dispose pas de ces documents, a déclaré Me Cigana, ajoutant que la défense n’avait pas expliqué de manière convaincante pourquoi elle en avait besoin.

Le procureur a rappelé que la GRC avait obtenu une ordonnance judiciaire pour obtenir les fruits de l’enquête interne d’Hydro-Québec. Il se demande pourquoi la défense souhaite maintenant obtenir tous les courriels d’un certain nombre d’individus qui ont communiqué avec M. Wang à Hydro-Québec.

Le tribunal devrait entendre d’autres arguments au début de mai.