Un ex-infirmier condamné pour la possession de 130 000 fichiers de pornographie juvénile souhaite toujours reprendre son métier alors qu’il nie avoir un « intérêt sexuel déviant ». Mais dès sa sortie de prison, Yannick Langlois-Gingras s’est encore fait prendre avec des images illégales d’enfants.

Le Montréalais de 33 ans a plaidé coupable, le 1er mars au palais de justice de Montréal, à des chefs de possession de pornographie juvénile et de non-respect d’ordonnances de la cour.

Yannick Langlois-Gingras était infirmier dans la région de Rimouski entre 2018 et 2021 lorsqu’il s’est fait pincer avec 130 000 fichiers de pornographie juvénile montrant des filles de 2 à 14 ans dans des positions explicites ou avec des hommes adultes. Il a ainsi été condamné à une peine d’emprisonnement de deux ans moins un jour en septembre 2022 au palais de justice de Rimouski.

Mais dès janvier 2023, Yannick Langlois-Gingras a bénéficié d’une forme de libération conditionnelle et a intégré une maison de transition. Il a même gagné le droit de posséder un téléphone pour sa recherche d’emploi, sous de « strictes conditions ».

Trois mois plus tard, Yannick Langlois-Gingras s’est fait prendre la main dans le sac, relativement par hasard. Un intervenant qui tentait d’imprimer un document à la demande de l’accusé a remarqué dans le téléphone un courriel douteux provenant d’un site de rencontres.

Yannick Langlois-Gingras explique alors à l’intervenant qu’il s’est connecté sur Tinder pour supprimer son compte. Puis, quand l’employé tombe sur un courriel du site de rencontres pour personnes mariées Ashley Madison, le délinquant fond en larmes et dit « se sentir seul » depuis sa séparation.

En fouillant davantage, l’intervenant découvre dans la « poubelle » du téléphone des centaines de fichiers de pornographie juvénile. Ceux-ci semblent avoir été supprimés la veille.

Yannick Langlois-Gingras se défend en expliquant avoir téléchargé les fichiers sur son compte Google pour les supprimer.

Les policiers découvrent ainsi 378 fichiers, montrant essentiellement de sordides scènes d’agressions sexuelles avec des filles de 2 à 12 ans. Une vidéo montre une petite fille de 4 ans en train de se faire agresser par un adulte. Selon la Commission des libérations conditionnelles, Yannick Langlois-Gingras cachait aussi une clé USB, des bouts de papier avec des numéros inconnus et une capsule contenant de la poudre.

Quelques jours après son arrestation, la Commission québécois des libérations conditionnelles a révoqué sa libération.

Radié

On apprend dans la décision que Yannick Langlois-Gingras nie avoir un intérêt sexuel déviant. Ces images suscitaient même chez lui de la « rage et du désir de dénonciation ». Il allègue ainsi qu’une « curiosité malsaine [s’est] insidieusement installée » en lien avec des sévices qu’il a subis.

S’il consommait de telles images, c’était donc pour retrouver les victimes virtuelles et les agresseurs, prétend-il. Mais sa « quête initialement réconfortante » aurait en quelque sorte dégénéré. Selon un expert, l’accusé entretenait bien des intérêts sexuels déviants à l’égard de mineures.

En février dernier, le conseil de discipline de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a imposé à Yannick Langlois-Gingras une radiation de deux ans et une interdiction à vie de pratiquer auprès des mineurs.

Le Conseil évoque des gestes d’une « gravité extrême » qui sont « incompatibles » avec les valeurs de la profession d’infirmier.

« Le fait pour un infirmier de cautionner cette violence faite aux enfants laisse planer de sérieux doutes sur sa moralité et sa capacité de promouvoir la santé et le bien-être du public », soutient le Conseil, qui évalue comme étant « moyen » son risque de récidive.

Yannick Langlois-Gingras n’est plus membre de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec depuis le 1er avril 2022, puisqu’il n’a pas renouvelé son inscription. Il confirme toutefois au Conseil vouloir demander sa réinscription à sa libération.

« Il témoigne que sa profession lui tient beaucoup à cœur et est une réelle vocation », indique la décision.

Yannick Langlois-Gingras demeure détenu. Le dossier sera de retour en cour en juin prochain en vue de l’imposition de la peine.