David, qui combat Goliath depuis l’an dernier, n’a plus sa fronde.

En une fin de semaine, les enquêteurs de la Sûreté du Québec et des services de police de Québec, de Saguenay et de Lévis ont envoyé derrière les barreaux presque tout ce que Dave Turmel, engagé dans une violente rébellion contre les Hells Angels, compterait de lieutenants et soldats.

Son réseau de trafic de stupéfiants et de proxénétisme serait moribond, du moins pour le moment, et on peut se demander si Turmel peut encore financer sa fuite dans un pays d’Europe, où il se trouverait depuis plusieurs semaines.

On ne peut pas prédire ce qu’il se passera maintenant, mais il se peut que les citoyens des régions de la Capitale-Nationale et de Bellechasse retrouvent une certaine quiétude.

Crime désorganisé…

Les arrestations de la fin de semaine semblent vouloir démontrer une chose : c’est un groupe du crime « désorganisé » qui s’est révolté contre l’hégémonie des Hells Angels.

Les arrestations ont commencé quelques heures à peine après l’envoi d’enquêteurs dans la région de Québec. Mais les enquêtes, elles, avaient commencé bien avant. Les policiers avaient sûrement déjà des individus dans le collimateur.

Il faut dire que la publication d’une vidéo de torture dans laquelle sont entendues les voix des ravisseurs constitue un élément de preuve important et facile pour les enquêteurs, et qui fait parler des témoins et des sources lorsqu’elle est diffusée.

Une telle vidéo, qui frappe l’imaginaire, amène à un autre niveau un phénomène que l’on constate depuis quelques années au sein de la nouvelle génération de criminels : des rappeurs et des membres de gangs de rue diffusent régulièrement sur les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles ils insultent et menacent leurs ennemis, notamment avec des armes à feu.

De telles vidéos seraient à l’origine de conflits qui ont été la toile de fond de plusieurs des évènements de coups de feu survenus dans la grande région de Montréal depuis 2019.

… mais culotté

Les violences de Québec auront démontré l’arrivée d’une nouvelle génération de jeunes criminels violents, qui n’ont pas froid aux yeux et qui n’ont aucun respect pour l’autorité imposée par les organisations criminelles établies.

Les violences ont eu lieu dans les régions de Québec et de Bellechasse, elles auraient pu avoir lieu dans une autre région.

D’ailleurs, il existe actuellement des tensions entre vendeurs de stupéfiants et trafiquants au Saguenay, à Trois-Rivières et sur la Côte-Nord, mais la trame de fond n’est peut-être pas nécessairement la même que celle des violences de Québec.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les Hells Angels forment, selon la police, l’organisation criminelle la plus puissante au Québec et au Canada.

Cette rébellion, ce sont des vendeurs liés aux Hells Angels qui en ont fait les frais, mais ça aurait pu aussi bien être une autre organisation criminelle qui l’aurait subie.

Car les évènements de Québec démontrent qu’aucun grand groupe criminel n’est à l’abri.

Toute cette affaire – et le battage médiatique l’entourant – est venue fissurer l’aura d’invincibilité et de puissance des Hells Angels, qui forment, selon la police, l’organisation criminelle la plus puissante au Québec et au Canada.

Dans les médias, on s’est demandé quand les motards répliqueraient, mais le crime organisé n’est pas une téléréalité dans laquelle un individu est éliminé chaque semaine.

Il y aura sûrement des rencontres au cours desquelles les Hells Angels feront un bilan des derniers mois.

S’ils roulaient à leur vitesse de croisière depuis leur retour en force au milieu des années 2010, ils doivent maintenant regarder constamment dans leur rétroviseur.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.