(Québec) Incendies, meurtre, prises d’otage… La guerre que se livrent motards et membres de gangs de rue dans la région de la Capitale-Nationale a assez duré, a déclaré la Sûreté du Québec (SQ) vendredi. Le corps de police dit craindre pour la sécurité de civils innocents si le conflit perdure.

« On a décidé de déployer une force d’attaque pour rencontrer ces gens-là et leur dire que c’est assez », a indiqué vendredi le lieutenant Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec.

Des agents de la SQ de plusieurs régions participent aux opérations, tout comme des policiers municipaux de Québec, de Saguenay et de Lévis.

Rappelons que la guerre pour le contrôle du commerce de la drogue aurait entraîné des incendies, deux prises d’otage et un meurtre. Les régions de Québec, de la Beauce, du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-Nord sont touchées.

Le lieutenant Richard précise que le conflit implique en ce moment des gens liés au crime organisé ou à la vente de stupéfiants. « Il n’y a pas d’élément qui touche les civils. Est-ce qu’une balle perdue pourrait arriver ? Oui. Ça fait partie des choses qui sont envisagées, dit-il. C’est pour ça aujourd’hui qu’on décide de déployer cette force-là. »

La SQ a d’ailleurs procédé vendredi à trois arrestations à Montmagny relativement à la prise d’otage qui s’est soldée par un mort et trois blessés plus tôt cette semaine. Les deux hommes de 22 et 38 ans et la femme de 37 ans seront rencontrés par les enquêteurs. « C’est en lien avec les évènements de Saint-Malachie qui sont survenus lundi dernier », précise le porte-parole de la SQ.

Le message est clair : on va s’attaquer à toutes les personnes qui font ces crimes-là et on va les traduire devant les tribunaux au cours des prochains jours.

Benoit Richard, lieutenant de la Sûreté du Québec

Le ministre de la Sécurité publique a salué le travail de la SQ dans un communiqué. « On sait que la situation inquiétait les Québécois. Il fallait envoyer un message clair aux criminels qu’on ne ménage pas les efforts pour assurer la sécurité de la population », déclare François Bonnardel.

L’origine du conflit

Le conflit qui a lieu dans la région de Québec implique selon plusieurs sources des membres d’un gang de rue appelé Blood Family Mafia (BFM) qui serait dirigé par un trafiquant et proxénète, Dave « Pic » Turmel, âgé de 27 ans.

Durant une période indéterminée, ce dernier aurait opéré à Lévis, avec la bénédiction des Hells Angels, mais il se serait brouillé avec ces derniers après avoir commencé à s’approvisionner en cocaïne auprès d’un gang de la région de Montréal.

Selon nos informations, le groupe de Turmel aurait également volé plusieurs kilogrammes de cocaïne dans une cache contrôlée par les Hells Angels, ce qui aurait mis le feu aux poudres.

Le groupe de Turmel est composé principalement de vendeurs de rue. D’autres arrestations sont à prévoir.

Dans une vidéo consultée par La Presse, on peut voir des motards installer une « puck » – une balise GPS – sous ce qui serait la voiture de Turmel, garée devant un bar de danseuses nues de la rive sud de Québec.

La scène a été captée par une caméra de sécurité et la bande récupérée par les hommes de Turmel. Croyant sa tête mise à prix, Turmel a quitté le pays et serait en Europe.

Des tentatives pour arrêter Turmel à l’étranger sont-elles en cours ? « On travaille avec plusieurs partenaires, par rapport à ce qui se passe à propos d’une personne qui serait à l’étranger, je vais garder ça pour moi », a répondu le porte-parole de la SQ.

Selon une source policière, il n’a pas encore été établi que le meurtre de Michel Guérin, ancien aspirant des Hells Angels, commis en novembre dernier, soit relié à ce violent conflit.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.