Une pluie d’accusations a été portée samedi contre neuf personnes soupçonnées d’être responsables des évènements violents des derniers jours dans l’est du Québec, alors que le conflit entre les groupes du crime organisé continue de faire des dégâts.

Evan Lavoie, 21 ans, Andréanne Dominique, 37 ans, Dave Galienne-Picard, 30 ans, Rémi Fournier, 38 ans, Charlotte Montambault-Vaillancourt, 32 ans, Nicholas Côté, 45 ans, Maxime Maheux, 25 ans, Bianca Simard, 28 ans, et Francis Gauthier-Marcoux, 32 ans, ont tous été accusés samedi de divers crimes en lien avec les évènements des derniers jours, au palais de justice de Québec.

Francis Gauthier-Marcoux et Bianca Simard sont accusés de tentative de meurtre, de décharge d’une arme à feu dans l’intention de blesser et de complot, relativement aux évènements survenus le 3 novembre à Québec.

Quant à eux, Evan Lavoie et Andréanne Dominique font face à des chefs de séquestration, de tentative d’enlèvement avec l’intention de séquestrer et de voies de fait graves. L’acte d’accusation fait état d’évènements survenus entre le 12 et le 20 février, à Montmagny.

Ces mêmes chefs ont été déposés contre Rémi Fournier et Dave Galienne-Picard, pour la période du 13 au 19 février. Tout indique que les quatre accusés seraient liés à la prise d’otage qui a fait un mort et trois blessés ces derniers jours, à Saint-Malachie. La SQ avait arrêté trois personnes dans les environs de Montmagny, vendredi.

Nicholas Côté, lui, est accusé d’avoir incendié l’immeuble de KCR Karting, à Château-Richer, le 9 février. On le soupçonne aussi d’avoir comploté avec d’autres personnes pour ce faire, dont Patrick Boisvert, Pierre-Alexandre Paquet-Couturier, Ronnie-James St-Hilaire et Carl Martineau.

Maxime Maheux est également accusé d’avoir incendié un commerce de la rue Industrielle, à Sainte-Marguerite, le 31 octobre 2023. Quant à Charlotte Montambault-Vaillancourt, elle est accusée d’avoir eu en sa possession de la cocaïne, des méthamphétamines et du GHB « en vue d’en faire le trafic ».

Dans tous les cas, « la poursuite s’est opposée à la mise en liberté provisoire de ces individus et leurs causes ont été reportées au 28 février prochain pour la suite des procédures », a indiqué la porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), MAudrey Roy-Cloutier, en précisant que d’autres accusés devaient comparaître samedi après-midi.

La plupart des accusés ont de lourds antécédents criminels en matière de drogue ou de violence. Dave Galienne-Picard, par exemple, cumule 20 poursuites depuis 2013 à lui seul. Rémi Fournier a aussi été accusé 15 fois et Andréanne Dominique, à 5 reprises, depuis 2020. Nicholas Côté, Francis Gauthier-Marcoux, Bianca Simard et Maxime Maheux ont également un dossier criminel.

Un autre évènement violent

Tout cela survient alors qu’un peu plus tôt, samedi, un homme dans la trentaine a été grièvement blessé au cours d’une agression armée, cette fois à Thetford Mines. La Sûreté du Québec a été appelée à se rendre sur les lieux vers 3 h 30, dans une résidence de la rue Saint-Nazaire.

Un homme dans la trentaine « avait subi des blessures importantes, qui ne mettent toutefois pas sa vie en danger », a expliqué l’agente Hélène St-Pierre, porte-parole de la SQ. La victime aurait été battue par un ou des suspects, qui ont pris la fuite par la suite.

Plusieurs enquêteurs ainsi que des techniciens en identité judiciaire ont été appelés sur les lieux, afin d’expertiser la scène. Un périmètre de sécurité a été érigé et la circulation locale interrompue, mais aucune arrestation n’avait été réalisée au moment d’écrire ces lignes. « Tout porte à croire que ça serait relié aux évènements violents qu’on voit dans l’est du Québec dernièrement », a précisé Mme St-Pierre dès le début de la journée.

La guerre en cours pour le contrôle du commerce de la drogue a déjà entraîné des incendies, deux prises d’otage et un meurtre. Les régions de Québec, de Chaudière-Appalaches, du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-Nord sont touchées.

Vendredi, lors d’un point de presse à Québec, la SQ avait monté le ton et déclaré que la guerre que se livrent motards et membres de gangs de rue dans la région avait assez duré. Le corps de police dit craindre pour la sécurité de simples citoyens si le conflit perdure.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le lieutenant Benoît Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec, a fait le point vendredi à la suite d’arrestations liées au crime organisé à Montmagny.

Une « force d’attaque » a été mise sur pied, a indiqué le lieutenant Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec, afin de montrer aux criminels que « c’est assez ». Des agents de la SQ de plusieurs régions participent à plusieurs opérations, tout comme des policiers municipaux de Québec, de Saguenay et de Lévis. En plus de perquisitions, des visites d’établissements titulaires de permis d’alcool sont aussi effectuées de manière ciblée.

Selon plusieurs sources, le conflit dans la région de Québec implique des membres du gang de rue Blood Family Mafia (BFM), qui serait dirigé par un trafiquant et proxénète, Dave « Pic » Turmel, âgé de 27 ans.

Durant une période indéterminée, ce dernier aurait opéré à Lévis, avec la bénédiction des Hells Angels, mais il se serait brouillé avec ces derniers après avoir commencé à s’approvisionner en cocaïne auprès d’un gang de la région de Montréal. Selon nos informations, le groupe de Turmel aurait également volé plusieurs kilogrammes de cocaïne dans une cache contrôlée par les Hells Angels.

Le conflit en quelques dates

  • 19 février : Un homme perd la vie et trois autres sont blessés lors d’une affaire d’enlèvement et de séquestration dans laquelle les suspects seraient des membres du gang de rue BFM.
  • 22 février : Un homme de Saguenay qui manquait à l’appel depuis la veille est retrouvé au milieu de la nuit, sur un trottoir de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal. Il est gravement blessé au corps et a eu un orteil et un doigt coupés.
  • 22 février : Un homme est grièvement blessé lors d’une agression armée à Montmagny. La victime est transportée à l’hôpital, mais son état se stabilise et il obtient son congé en soirée.
  • 23 février : La Sûreté du Québec donne un point de presse pour tenter de calmer le jeu, en avertissant le crime organisé qu’elle intensifiera sa présence et que la hausse de la tension doit cesser, pour la sécurité de la population.
  • 24 février : Une nouvelle agression armée survient, cette fois à Thetford Mines. On ne craint pas pour la vie de la victime.

Avec Gabriel Béland et Daniel Renaud, La Presse