Marc-André Grenon avait-il l’intention de tuer Guylaine Potvin dans son appartement de Jonquière, le 28 avril 2000, ou de lui causer des lésions qu’il savait potentiellement mortelles ? C’est, entre autres, ce que devra trancher le jury, officiellement séquestré lundi, au terme de cinq semaines de procès.

Ses 14 membres, dont deux seront éventuellement exclus, ont commencé à recevoir leurs instructions lundi du juge de la Cour supérieure François Huot, au palais de justice de Chicoutimi.

« Votre seule tâche consiste à évaluer si Marc-André Grenon est coupable ou non sur les chefs d’accusation portés contre lui », a-t-il rappelé d’entrée de jeu.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

L’accusé, Marc-André Grenon

Avec maints détails, le magistrat leur a longuement rappelé les tenants et aboutissants de l’affaire et le récit de chaque témoin.

Puis, il leur a fait une lecture attentive des faits qui doivent être réunis pour qu’ils en viennent aux différents verdicts qu’ils ont devant eux, à commencer par le meurtre au premier degré qu’a plaidé la poursuite.

Plusieurs choix

Comme l’avocate de Marc-André Grenon a déjà admis que ce dernier avait utilisé la force et une ceinture pour maîtriser Guylaine Potvin, le « travail » du jury débutera au moment de déterminer l’intention de l’accusé, leur a expliqué le juge Huot.

« [La Couronne] doit vous prouver que Marc-André Grenon avait l’intention de tuer Guylaine ou de lui causer des lésions qu’il savait de nature grave et pouvant causer la mort et qu’il a persisté dans ce risque », a-t-il résumé.

Un autre « chemin » pour en arriver au verdict de meurtre au premier degré serait que le jury détermine que Marc-André Grenon a agressé sexuellement Guylaine Potvin avant qu’elle meure, ce qui ferait en sorte qu’il s’agirait d’un meurtre « classifié ».

Le magistrat a également ouvert la porte à une option qui n’a pas été plaidée par les parties, soit le verdict « d’homicide volontaire coupable ».

Finalement, si le jury n’arrive pas à s’entendre sur une de ces options, il pourra alors déclarer Marc-André Grenon coupable de meurtre au deuxième degré, ce que souhaite la défense.

La fastidieuse description de l’arbre décisionnel placé devant le jury a été interrompue en fin de journée et reprendra mardi matin, ce qui n’a pas empêché le magistrat de décréter la séquestration du jury.

Étranglée dans son lit

Guylaine Potvin a été retrouvée morte dans l’appartement qu’elle louait avec deux colocataires à Jonquière, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le 28 avril 2000. Son corps présentait de nombreuses marques de violence et sa chambre était sens dessus dessous.

Une autopsie conclura qu’elle a été tuée par strangulation.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC, VIA LA PRESSE CANADIENNE

Guylaine Potvin a été retrouvée morte dans l’appartement qu’elle louait avec deux colocataires à Jonquière, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le 28 avril 2000.

Des prélèvements effectués sur la scène et sur des objets qui y ont été retrouvés, dont sur une ceinture et une boîte de condoms, permettront d’établir la présence d’un individu masculin sur les lieux.

Mais le profil ADN de cet individu ne pourra être relié à qui que ce soit durant plus de 20 ans. Jusqu’au développement d’une technique d’analyse génétique innovante par le Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale, en 2022.

Cet été-là, les enquêteurs de la Sûreté du Québec cibleront Marc-André Grenon avant de l’arrêter, l’automne suivant.

Après cinq semaines de procès, ce dernier a finalement admis avoir tué Guylaine Potvin dans la nuit du 27 au 28 avril 2000, mais continue de plaider non coupable à l’autre accusation qui pèse contre lui, soit celle d’agression sexuelle.

Pour la poursuite, Marc-André Grenon avait prévu agresser sexuellement et tuer Guylaine Potvin avant même d’entrer dans son appartement, ce qui fait que l’homme devrait être reconnu coupable de meurtre au premier degré.