Une escroc à la tête d’un cabinet comptable de Laval a été reconnue coupable mardi d’avoir fraudé un client pour plus de 100 000 $ en prétendant payer le fisc, alors qu’elle s’en mettait plein les poches. Déjà condamnée pour vol et fraude, Nathalie Ratthé continue d’offrir ses services comptables aux entrepreneurs.

« Mobile et disponible, je travaille pour vous et avec vous. Mon désir profond est d’aider les entrepreneurs de Laval et Montréal », se targue Nathalie Ratthé sur le site web de sa firme S.O.S Entrepreneurs, où elle se décrit comme conseillère en comptabilité.

La résidante de Blainville de 60 ans s’y vante toutefois moins de ses antécédents criminels. En 2017, elle a plaidé coupable de chefs de vol et a été condamnée à huit mois avec sursis et une probation de deux ans. Puis, en novembre dernier à Montréal, Nathalie Ratthé a plaidé coupable à un chef de fraude. Sa peine n’a pas encore été imposée.

La fraudeuse – ou l’une de ses entreprises – a également été reconnue coupable à cinq reprises depuis 2012 d’avoir pratiqué illégalement la comptabilité publique. Nathalie Ratthé n’est pas membre de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Notons que « comptable » n’est pas un titre réservé, seul celui de CPA l’est.

Lundi après-midi, Nathalie Ratthé espérait être acquittée au terme de son procès dans une autre affaire de fraude. Or, le juge Claude Leblond l’a reconnue coupable, malgré le manque de fiabilité et de crédibilité de la victime. Elle risque maintenant la prison.

Des honoraires, mais aucune facture

Dans ce dossier, la comptable s’occupait des finances d’un propriétaire d’un bar montréalais entre 2015 et 2017. Celui-ci avait « totalement confiance » en Nathalie Ratthé.

Pendant plusieurs années, la fraudeuse a fait croire à son client que les chèques qu’il signait étaient destinés au fisc. Or, elle les déposait plutôt dans les coffres de sa firme Fidem, puis en retirait des fonds équivalents.

Au procès, la défense a tenté de faire croire que Nathalie Ratthé avait reçu plus de 100 000 $ en honoraires dans ce dossier, puisque son client voulait payer le moins d’impôt possible.

« Si l’accusée avait eu autant à cœur les intérêts fiscaux du plaignant, comment se fait-il qu’en aucun endroit on ne voit de factures, de numéros de factures, des mentions d’honoraires ou de démarches afin que son client puisse déduire ces montants ? », s’est interrogé le juge Leblond.

Certains chèques mis en preuve pourraient toutefois avoir été signés pour payer des honoraires, nuance le juge.

Le stratagème de Nathalie Ratthé coïncide avec le dépôt de 525 000 $ – le fruit de la vente du bar – dans le compte bancaire de la victime. « Voilà le mobile de l’accusée », tranche le juge.

Les observations sur la peine auront lieu dans les prochains mois.

Me Denis Trottier a représenté le ministère public, alors que Me Roxanne Hamelin a défendu la fraudeuse.