Poussé par ses « pulsions », le chanteur Corneliu Munteanu a drogué sa conjointe de l’époque, la chanteuse Meggie Lagacé, rencontrée pendant Star Académie 2004. Il a ensuite refait le coup à un homme. L’artiste déchu, qui jure n’avoir eu aucune « mauvaise intention », a été condamné à 100 jours de prison vendredi.

« Personne n’a le droit de te prendre le contrôle de ton corps et de ta tête. Personne n’a le droit de te droguer. C’est un acte criminel grave. Parce que sans consentement, c’est non ! C’est ton corps et il n’appartient qu’à toi. Point final. J’ai choisi de porter plainte pour qu’il ne fasse plus d’autres victimes », a écrit Meggie Lagacé sur les réseaux sociaux vendredi, à sa sortie de la salle d’audience.

La chanteuse venait alors de faire lever l’ordonnance de la cour protégeant son identité.

Corneliu Munteanu, 40 ans, a plaidé coupable vendredi à deux chefs d’accusation pour avoir administré une « substance délétère avec l’intention d’affliger ou de tourmenter [une] personne ». Il y a deux victimes dans le dossier : la chanteuse Meggie Lagacé, en 2013, et un homme dont l’identité est protégée, en 2016.

Selon les faits présentés à la cour, Corneliu Munteanu insiste un soir pour que sa conjointe vienne boire un verre de rhum avec lui sur le balcon. Ce que Meggie Lagacé ignore, c’est que son conjoint a ajouté à son insu de la « E en poudre » – soit de la MDMA ou de l’ecstasy – dans son verre.

Très vite, les symptômes apparaissent : ses pupilles se dilatent, son cœur bat à tout rompre, elle est incapable d’arrêter de parler, elle perd la notion du temps. La victime veut aller à l’hôpital, mais Corneliu la convainc que ce n’est pas nécessaire. Pendant des mois, Meggie Lagacé ressent une « détresse continue ». Elle finit par interroger son conjoint, qui lui avoue son crime. Elle met alors fin à leur relation.

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Corneliu Munteanu avec Meggie Lagacé, en 2007, alors qu’ils formaient un couple

Pourquoi Corneliu Munteanu a-t-il agi ainsi ? Cela demeure nébuleux. Dans la trame factuelle présentée par la procureure de la Couronne MLaurence-Fanny L’Estage, on indique qu’il ne « sait pas pourquoi, mais qu’il ne pouvait s’en empêcher ». Devant la cour, Corneliu évoque des « impulsions mal guidées sans mauvaise intention ».

Dans le second dossier, Corneliu Munteanu et son conjoint de l’époque rencontrent un homme sur un site de rencontres en 2016. Au premier rendez-vous, le trio consomme de l’alcool et du cannabis de façon modérée. La victime prend plusieurs jours pour s’en remettre et ne saisit pas pourquoi.

Même scénario au deuxième rendez-vous. Au troisième, l’homme ne consomme pas de drogue et s’en tient au vin. Néanmoins, il est encore étourdi et se sent « pété ». Ses pupilles sont anormalement dilatées. Il interroge alors Corneliu, qui lui avoue avoir versé dans son verre du « poppers », un dilatateur musculaire pouvant être utilisé au cours « d’activités sexuelles pour augmenter la sensation du plaisir », selon le résumé des faits.

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Corneliu (au premier plan, avec le béret noir) portait un déguisement dans le métro de Montréal alors qu’il était recherché par la police.

Dans les jours suivants, Corneliu écrit à la victime pour s’excuser. Il lui dit avoir un « problème » et en parler déjà avec un psychologue. Il confie plus tard à son ex-conjoint avoir versé de la MDMA « notamment dans le verre » de la victime.

Devant le tribunal, le délinquant a semblé minimiser sa responsabilité. Il a répété n’avoir eu aucune « mauvaise intention ».

« Je reconnais que mes actions furent inappropriées et cependant cela n’a jamais été dans mon intention de créer préjudice ou de trahir la confiance de quiconque. Je m’en excuse sincèrement », a-t-il affirmé.

La juge Patricia Compagnone a remis les pendules à l’heure. « Vous avez dit que votre geste était inapproprié. Je vais dire que les gestes étaient plus qu’inappropriés, ils étaient illégaux et immoraux », a-t-elle tranché.

La magistrate a entériné la suggestion commune des parties en imposant une peine de 100 jours de prison, dont il reste deux jours à purger. Une probation de deux ans s’y ajoute. La juge a tenu compte des conséquences des gestes sur les victimes, dont la « détresse palpable » de Meggie Lagacé.

Dans cette affaire, les victimes ont porté plainte plusieurs années après les faits. Un rappel, selon la juge Compagnone, que « la justice a le bras long et est patiente ».

Dans sa publication sur Instagram, Meggie Lagacé souligne à quel point le processus judiciaire a été une « forme de thérapie » pour elle. « On m’a dit les mots “je te crois”, ce qui m’a fait beaucoup de bien », écrit-elle. Elle remercie d’ailleurs les enquêteurs, les avocats et le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) dans son message.