(Melfort) Les jurés à l’enquête du coroner sur la tuerie à l’arme blanche dans une communauté autochtone de la Saskatchewan, en septembre 2022, ont commencé à délibérer, mardi, afin de formuler des recommandations pour prévenir de tels drames à l’avenir.

Myles Sanderson a assassiné 11 personnes et en a blessé 17 autres dans la communauté crie de James Smith et dans le village voisin de Weldon, au nord-est de Saskatoon, le 4 septembre 2022. Il est mort quelques jours plus tard alors qu’il venait d’être arrêté.

« Il est de votre devoir d’essayer de prendre cet évènement tragique et d’en tirer quelque chose de positif », a déclaré Blaine Beaven, le coroner en chef, aux six jurés mardi matin.

Depuis deux semaines, l’enquête du coroner a permis d’entendre les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) présents sur les lieux, les responsables des services médicaux d’urgence et des travailleurs de la santé appelés à intervenir.

L’enquête a également mis en lumière des pans de la vie de Sanderson, comme certaines de ses relations personnelles et son passé carcéral.

De nouvelles informations sur la façon dont Sanderson a pu échapper à la détection de la police pendant plus de trois jours ont été entendues lundi. Le sergent Evan Anderson, de l’unité des crimes majeurs de la GRC en Saskatchewan, a déclaré que Sanderson avait établi un « camp » dans les buissons non loin d’une maison près de Crystal Springs, un hameau du centre-est de la Saskatchewan, près de Wakaw.

La propriétaire de la maison a appelé la police le 7 septembre 2022 pour signaler que Sanderson était entré par effraction chez elle et s’était enfui dans son véhicule. La police a poursuivi le tueur jusqu’à ce que le véhicule que conduisait Sanderson se retrouve dans un fossé près de Rosthern.

Sanderson, âgé de 32 ans, a été en « détresse médicale » pendant sa garde à vue et il a été déclaré mort à l’hôpital de Saskatoon. Une deuxième enquête sur sa mort doit avoir lieu en février.

Keith Brown, l’avocat de la communauté crie, a déclaré lundi que les jurés devaient prendre en compte de nombreux éléments de preuves avant de formuler leurs recommandations. « J’espère que chaque famille aura peut-être obtenu un peu plus d’informations et peut-être que la situation spécifique de leurs proches aura été close », a déclaré Me Brown.

L’enquête vise à établir les évènements qui ont conduit aux meurtres, qui sont les personnes mortes, ainsi que le moment et le lieu où chaque personne a été tuée.

Me Beaven a déclaré au jury qu’une grande partie de ces informations, y compris l’identité des personnes tuées et les modalités du décès, étaient simples. « Vous avez posé des questions. Il est clair que vous êtes investis dans le processus. »

Le coroner Beaven a précisé que les recommandations des jurés devaient être pratiques, applicables, licites et fondées sur des preuves.

Chronologie des évènements

La GRC a déclaré dans un aperçu de la tuerie que Sanderson s’était rendu dans la communauté crie pour vendre de la cocaïne. Dans les jours précédant les meurtres, il y avait semé le chaos avec son frère, Damien.

Damien Sanderson a été le premier à être tué. Myles Sanderson est ensuite allé de porte-à-porte dans la communauté, poignardant et tuant d’autres gens.

Un profileur criminel de la GRC a déclaré que certaines victimes avaient été ciblées parce que Sanderson croyait qu’elles étaient associées à un gang, alors que d’autres se mettaient en travers de son chemin.

L’enquête a entendu les agents de libération conditionnelle de Sanderson, d’anciens employés du Service correctionnel du Canada et d’autres personnes qui ont eu affaire au tueur pendant qu’il naviguait dans le système carcéral.

Sanderson avait bénéficié d’une libération d’office en août 2021, après s’être vu refuser la libération conditionnelle plus tôt cette année-là. La libération d’office entre en vigueur lorsqu’un délinquant a purgé les deux tiers de sa peine de prison.

Quatre mois plus tard, les autorités ont appris qu’il avait menti sur ses conditions de vie, et sa libération avait été suspendue. En février 2022, la commission des libérations conditionnelles a annulé cette suspension et Sanderson a de nouveau été libéré d’office, avec réprimande.

Trois mois plus tard, Sanderson était illégalement en liberté et un agent de libération conditionnelle a lancé un mandat d’arrestation contre lui. Il était toujours en liberté au moment de la tuerie.

L’enquête a également entendu la conjointe de fait de Sanderson, Vanessa Burns. Son père, Earl Burns Sr., a aussi été tué par Sanderson.

« Le jury a une tâche très importante devant lui », a déclaré lundi Kim Beaudin, vice-chef du Congrès des peuples autochtones de la Saskatchewan, après la fin des témoignages à l’enquête du coroner.

M. Beaudin a déclaré qu’il était important que les ministères et tous les ordres de gouvernement donnent suite aux recommandations et qu’elles ne soient pas tablettées.