(Saguenay) L’ambiance était fébrile lundi au palais de justice de Chicoutimi, où s’est ouvert, près de 24 ans après les faits, le procès de l’homme accusé du meurtre de la jeune Guylaine Potvin, une affaire qui avait fait grand bruit dans la région à l’époque.

Pas moins de 300 candidats, soit bien plus qu’à l’habitude, avaient été convoqués dans l’espoir qu’un nombre suffisant d’entre eux puissent être retenus comme jurés.

Pour être impartiaux, les jurés retenus ne doivent pas être au courant, outre mesure, des détails de l’affaire qu’ils s’apprêtent à juger. Or, cette affaire a fait l’objet d’un battage médiatique important dans la région au moment du crime, en avril 2000, mais aussi lors de l’arrestation de l’accusé, Marc-André Grenon, en octobre 2022.

Plus d’une cinquantaine de ces candidats auront finalement défilé durant une bonne partie de la matinée et de l’après-midi devant le juge François Huot, de la Cour supérieure, qui supervise les procédures.

Six semaines ont été réservées pour la tenue du procès auquel assistent des proches de Guylaine Potvin. Il pourrait toutefois se conclure un peu plus rapidement, a prévenu le magistrat.

Des informations diffusées

Quatorze candidats, soit huit hommes et six femmes, ont finalement été retenus après avoir répondu à une série de questions posées par le juge Huot et qui avaient été définies d’avance par les parties lors de travaux préparatoires en vue du procès.

PHOTO SOPHIE LAVOIE, LE QUOTIDIEN

Quatorze candidats, soit huit hommes et six femmes, ont finalement été retenus comme jurés.

Ces questions visaient notamment à savoir si les candidats avaient pris connaissance d’informations diffusées dans les médias. Entre autres, d’anciennes déclarations d’un ancien porte-parole de la Sûreté municipale de Saguenay, le contenu d’une lettre lue en ondes à une station de radio locale et les témoignages de deux experts juridiques.

PHOTO SÛRETÉ DU QUÉBEC, FOURNIE PAR LA PRESSE CANADIENNE

Guylaine Potvin

Une éducatrice en CPE, un opérateur de machinerie lourde, un graphiste indépendant et un disquaire, entre autres, ont finalement été retenus pour juger du sort de l’accusé, Marc-André Grenon, 49 ans.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Marc-André Grenon

Ce dernier a été arrêté à Granby, au terme d’une enquête de longue haleine impliquant des méthodes inédites dont la nature est restée confidentielle jusqu’ici en raison d’une ordonnance de non-publication.

Il est accusé du meurtre au premier degré et d’agression sexuelle sur Guylaine Potvin. Du box des accusés, d’où il est apparu visiblement amaigri et avec une longue barbe, Marc-André Grenon a plaidé non coupable à ces deux chefs d’accusation.

Aux candidats présents lundi matin, le juge François Huot a tracé les contours du dossier.

L’ADN récupéré sur des pailles

Guylaine Potvin, 19 ans au moment du crime, a été agressée sexuellement puis tuée dans son appartement. Le corps de la jeune femme, qui fréquentait le cégep de Jonquière, avait été retrouvé le lendemain par ses amis.

De l’ADN avait été prélevé sur la scène de crime, mais il a été impossible pour les enquêteurs de le lier avec un suspect durant des années. Jusqu’à l’entrée en scène du Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) en 2022, qui a permis de cibler le nom de famille de Marc-André Grenon comme étant prioritaire.

Au terme d’une opération policière complexe, son ADN a été récupéré sur des pailles qu’avait utilisées le suspect, puis associé à celui retrouvé sur la scène du crime 22 ans plus tôt.

La Couronne est représentée par MPierre-Alexandre Bernard et MFrançois Godin, tandis que l’accusé est défendu par MKarine Poliquin et MVanessa Pharand.

L’histoire jusqu’ici

28 avril 2000 

Guylaine Potvin est agressée sexuellement puis assassinée dans son appartement de Jonquière, au Saguenay.

12 octobre 2022 

Marc-André Grenon, aujourd’hui âgé de 49 ans, est arrêté à son domicile de Granby et accusé d’être l’auteur de ces crimes. Il a depuis plaidé non coupable.

15 janvier 2024 

Le procès de Marc-André Grenon débute au palais de justice de Chicoutimi avec la sélection du jury. Les procédures pourraient durer jusqu’à six semaines.