En 2023, 82 personnes ont perdu la vie par noyade, selon les données de la Société de sauvetage. Celle-ci s’inquiète surtout du fait que le nombre de victimes par évènement est en hausse par rapport à l’année précédente, ce qui démontre la nécessité de poursuivre les efforts de sensibilisation en sécurité aquatique.

Ce qu'il faut savoir

  • La Société de sauvetage a recensé en 2023 82 noyades.
  • C'est surtout la hausse du nombre d’évènements entraînant de multiples décès qui inquiète l'organisme.
  • La Montérégie demeure la région la plus touchée, avec 18 des 82 noyades enregistrées l'an dernier.
  • « Ce sont les plans d'eau naturels qui posent problème », dit le DG de la Société de sauvetage.

« On s’aperçoit cette année que les noyades mortelles avec plusieurs victimes, ça augmente. Et c’est principalement ça, la situation préoccupante pour nous, à l’heure actuelle », a expliqué à La Presse le directeur général de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins.

Les évènements causant de multiples décès sur les cours d’eau se sont en effet multipliés l’an dernier. Outre le drame d’Akwesasne, ayant coûté la vie à huit migrants, dont deux enfants, en mars dernier, quatre enfants ont aussi péri lors d’une sortie de pêche près du fleuve Saint-Laurent à Portneuf-sur-Mer, en juin dernier.

Deux pompiers ont aussi été emportés par la rivière en mai, lors des inondations survenues dans Charlevoix. À Rivière-Éternité, au Saguenay, un glissement de terrain avait par ailleurs coûté la vie à deux personnes l’été dernier.

En 2023, sept évènements ont causé la mort de pas moins de 25 personnes.

Au cours des dernières années, on recensait pourtant très peu de noyades multiples, soit en moyenne 2,5 évènements par an faisant plus d’une victime, le plus souvent deux.

D’après M. Hawkins, cela montre un réel changement de paradigme. « En général, les gens associent souvent la noyade à la piscine résidentielle, mais on voit que c’est de plus en plus les plans d’eau naturels qui posent problème. Dans l’immédiat, c’est vraiment le fleuve qui est en croissance, plus que d’habitude. »

Changements à enclencher

La Société de sauvetage espère que Transports Canada et le gouvernement fédéral réglementeront rapidement sur le port obligatoire de la veste de flottaison pour les sports nautiques. « Je sais qu’ils font des consultations, qu’ils sont en réflexion, mais il faut agir. Juste avec ça, on réduirait de 20 décès par année au Québec », affirme le DG.

L’alcool reste un facteur « déterminant », regrette-t-il. « Peu importe l’activité chez les adultes, principalement chez les hommes, on voit que ça a encore une influence notable un peu partout. »

Globalement, les 82 décès recensés en 2023 représentent une hausse annuelle marquée, mais une légère hausse par rapport à la moyenne. En 2022, on avait comptabilisé 61 noyades dans la province. La Société de sauvetage s’était alors montrée encouragée par un certain « retour à la normale » après le bilan de 2021, avec 81 morts, et celui de 2020, au plus fort de la crise sanitaire, avec 121 noyades mortelles.

« Ultimement, les résultats de cette année, ça vient donc gonfler un peu la moyenne qu’on a depuis les 10 dernières années, qui est de 80 décès liés à l’eau », dit M. Hawkins.

Sur le long terme, la situation s’est toutefois nettement améliorée. Il y a 40 ans, le Québec enregistrait en moyenne 200 décès liés à l’eau chaque année. « On n’avait pas alors 1,2 million de plaisanciers et trois quarts de million de piscines résidentielles. Ça nous fait dire que les comportements ont changé, mais qu’il y a encore du travail à faire », illustre encore le gestionnaire.

Il espère pouvoir diffuser un portrait plus précis des noyades non mortelles dans les prochaines années. En règle générale, pour chaque noyade mortelle, on en compte quatre où la personne a survécu, le plus souvent grâce à des manœuvres de réanimation.

La Montérégie, région la plus touchée

C’est la région de la Montérégie qui continue d’être l’une des régions les plus touchées par les noyades mortelles, avec 18 sur 82 en 2023, soit 22 %. La Société de sauvetage note aussi que « de manière surprenante, la Côte-Nord se démarque en arrivant en second rang avec 13 noyades (16 %), suivie du Saguenay–Lac-Saint-Jean avec 11 (13 %) et de la Capitale-Nationale avec 10 (12 %) ».

Aucune noyade n’a été recensée en 2023 dans le Nord-du-Québec et à Laval. Les autres régions oscillent en moyenne entre une et six noyades.

La majorité des drames sont à nouveau survenus durant la saison estivale. Environ la moitié des noyades se sont en effet produites de juin à août. Or, en 2023, on a observé une hausse importante des évènements mortels en septembre et en octobre, avec 17 décès, pour approximativement 21 % du total.

Enfin, les hommes continuent d’être plus à risque que les femmes. L’an dernier, 63 des 82 noyades ont fait des victimes de sexe masculin, contre 14 de sexe féminin. Les cinq victimes restantes n’avaient pas encore été identifiées au moment d’écrire ces lignes.

En savoir plus
  • 55 %
    C’est la proportion moyenne, depuis quelques années, du nombre de noyades survenant alors que les personnes sont seules. Cette année, ce chiffre est de seulement 41 % en raison de l’augmentation des noyades avec multiples décès.
    source : SOCIÉTÉ DE SAUVETAGE
    32 %
    C’est la proportion du nombre de noyades causées par la navigation, soit 26 évènements. La baignade, quant à elle, est responsable de 11 évènements (13 %), tandis que le chavirement compte pour 18 % et la chute accidentelle, pour 15 %.
    source : SOCIÉTÉ DE SAUVETAGE