Stanley Minuty, condamné pour avoir comploté le meurtre de Gaetan Gosselin, grand ami et homme de confiance du caïd Raynald Desjardins, vient d’être libéré d’office après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

Toutefois, en raison des risques élevés de récidive, de son lourd passé, d’une indifférence observée face aux conséquences de ses actions et « du peu de détermination à s’éloigner de son mode de vie marginal », la Commission des libérations conditionnelles du Canada lui impose de sévères conditions, notamment de demeurer dans une maison de transition jusqu’à la fin de sa peine, au printemps 2027.

Minuty, 40 ans, et d’autres individus faisant partie d’un gang de rue d’allégeance rouge appelé Unit 44, ont composé un commando qui a été très actif dans la vengeance des Siciliens, cibles d’un putsch raté tenté par des clans rebelles de la mafia montréalaise entre 2009 et 2011.

En janvier 2013, ils ont tué par balles Gaetan Gosselin, alors que l’homme de 69 ans sortait les poubelles devant l’immeuble résidentiel de la famille Desjardins, rue Jean-Tavernier, à Montréal.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Gaetan Gosselin

Le même mois, ils ont assassiné Vincenzo Scuderi, bras-droit de Giuseppe De Vito, un autre chef rebelle de la mafia qui, avec Raynald Desjardins, aurait pris part à ce putsch raté, selon la théorie de la police.

Les suspects ont été arrêtés à l’issue d’une importante enquête des Crimes majeurs et de la Division du crime organisé du SPVM baptisée Minuterie.

En juin 2017, ils ont plaidé coupable à un chef réduit de complot pour ces deux meurtres. Minuty, qui aurait été le tireur dans l’attentat de Gosselin selon la police, a été condamné à une peine de près de dix ans.

Violence « sans équivoque »

Dans une décision de dix pages rendue à la fin de la semaine dernière, un commissaire des libérations conditionnelles souligne que Minuty a cumulé 12 manquements disciplinaires alors qu’il était prévenu dans le système carcéral provincial, entre juin 2013 et décembre 2016.

Il lui reproche un comportement de violence dans trois de ces manquements, dont une altercation physique avec un codétenu.

Une fois au pénitencier, Minuty a été impliqué dans une autre empoigne avec un codétenu contre lequel il aurait ensuite passé une commande pour qu’il soit agressé.

« Vous demeurez actuellement un sujet d’intérêt pour le département de la sécurité préventive étant donné votre statut actif d’affiliation à un gang de rue et vos fréquentations carcérales. Pour imposer la condition d’assignation, la Commission a considéré plusieurs critères, dont votre propension à la violence qui est sans équivoque. Vous cumulez des délits violents depuis l’ouverture de votre fiche criminelle adulte et ces actes ont culminé vers les délits ayant mené à la présente sentence. Par appât du gain et par choix, vous avez accepté de tirer à bout portant sur une victime afin d’honorer un contrat rémunéré. Bien que vous n’avez pas hérité de la responsabilité criminelle pour la perte de vie, la victime est malgré tout décédée », écrit notamment le commissaire dans sa décision.

Outre son envoi en maison de transition, Minuty devra posséder un seul téléphone cellulaire et une seule carte SIM, devra fournir ses registres d’appels entrant et sortant et déverrouiller ses applications sur demande, et ne devra rien supprimer.

Il devra aussi divulguer toutes ses transactions financières et il lui sera interdit de consommer de la drogue, de fréquenter les endroits licenciés et de communiquer avec toute personne impliquée dans le crime ou ayant des antécédents criminels.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.