Un homme fait livrer une pizza chez des inconnus. Trois jours plus tard, le même homme entre de force dans la maison et terrorise son occupant. La chemise que portait l’homme à la pizzeria est déterminante : c’est la même que portait Jean-Pierre Bellemare lors de son interrogatoire policier, neuf mois plus tard.

C’est du moins ce que la Couronne entend démontrer au jury pendant le procès de Jean-Pierre Bellemare, qui s’est ouvert mercredi au palais de justice de Montréal. L’homme de 57 ans est accusé d’invasion de domicile. Il aurait pénétré de force dans la maison d’une notaire de Montréal-Nord en septembre 2018 avec l’aide d’un complice, non identifié.

Ce matin-là, Claude Germain est seul à la maison. Sa conjointe, Micheline Ouellette, une notaire – depuis retraitée – vient de partir au travail. Soudain, ça sonne à la porte. Claude Germain a à peine le temps d’ouvrir qu’il se fait pousser avec force par un assaillant. « J’ai été sonné quand je suis rentré dans la table », a-t-il témoigné.

Sonné, Claude Germain aperçoit les intrus une fraction de seconde avant de se faire bander les yeux avec du ruban adhésif et de se faire mettre les menottes. Quand il se plaint que les menottes sont trop serrées, l’un des hommes lui lance en anglais : « Je vais te tuer ». L’autre homme lui parle en français, dit-il.

Quand on le démenotte, Claude Germain sent quelque chose derrière lui. « Je pensais que c’était une arme à feu. J’ai eu peur », a-t-il affirmé au jury.

Les intrus lui demandent où se trouvent les bijoux et l’argent, mais ils semblent particulièrement intéressés par sa conjointe. Quand un assaillant aperçoit la photo d’une policière – la fille de sa conjointe – sur une bibliothèque, son attitude semble changer. Ils partiront peu de temps après en lui disant que sa conjointe « allait payer ».

Selon la théorie de la Couronne, Jean-Pierre Bellemare était l’un des deux assaillants. D’ailleurs, trois jours avant l’invasion de domicile, Bellemare se serait rendu dans une pizzeria pour faire livrer une pizza au couple Germain-Ouellette – qui n’avait pourtant rien commandé.

Neuf mois plus tard, interrogé par les policiers, Jean-Pierre Bellemare portait exactement la même chemise que l’homme qui commandait cette pizza, affirme la Couronne.

Pendant son interrogatoire policier, Jean-Pierre Bellemare a rédigé une lettre d’excuses dans laquelle il écrit ceci : « Je suis un grand malade qui croyait vous enlever contre rançon ». Il s’excuse ensuite d’avoir fait du « mal » à sa victime.

Deux autres éléments clés de la preuve : un douanier américain a retrouvé dans la voiture de Bellemare un morceau de ruban adhésif. L’ADN de Claude Germain s’y trouvait, selon la Couronne.

Autre élément « très important » aux yeux de la Couronne : Jean-Pierre Bellemare laisse croire en interrogatoire qu’il savait que la photo de la policière était placée sur la bibliothèque, alors que l’enquêteur ne lui avait pas précisé l’endroit.

Daniel Royer préside ce procès. MEmilie Serdakowski défend l’accusé.