Un multirécidiviste, condamné à six ans d’emprisonnement en avril 2021 pour possession d’une arme à feu, a vu sa libération conditionnelle suspendue à peine dix jours après sa sortie du pénitencier.

Faouzi Harmali, 31 ans, avait été arrêté en possession d’un revolver chargé en août 2019, dans la foulée d’une enquête du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur une tentative de meurtre commise contre le chef de gang Arsène Mompoint, assassiné depuis.

Le 11 août dernier, Harmali a été libéré aux deux tiers de sa peine, comme le veut la loi, sous de sévères conditions.

Dès sa sortie, ses agents de libération ont constaté qu’il possédait une forte somme en argent comptant dont il a dit qu’il s’agissait de cadeaux qu’il avait reçus.

Trois jours plus tard, le 14, il s’est rendu dans un secteur de la ville où il n’avait pas le droit d’aller.

Le 15, les employés de sa maison de transition ont vu un autre résidant lui remettre un bout de papier, ce qu’il a commencé par nier avant d’avouer.

Le 16, des policiers du SPVM l’ont interpellé en compagnie de deux individus ayant des antécédents criminels, dont un ancien complice.

Le 20 août, des policiers du SPVM l’ont intercepté alors qu’il sortait d’un motel connu comme un lieu de prostitution. Les patrouilleurs ont dit avoir vu Harmali sortir par la portière du conducteur d’un véhicule de luxe loué au prix de 1000 $ par jour par une entreprise associée à des activités criminelles.

Enfin, le matin du 22 août, alors qu’il avait demandé la permission d’entrer au travail plus tôt, il a été vu en train de discuter avec un homme, à un endroit qui, inévitablement, ferait en sorte qu’il serait en retard à son lieu de travail.

« Allez vous faire foutre »

Le même jour, les autorités en ont eu assez et la libération d’office d’Harmali a été suspendue. Lorsqu’il a été arrêté, il était en train de vomir près d’un débit de boisson.

Lors de son entrevue téléphonique post-suspension avec les commissaires aux libérations conditionnelles, Harmali a nié la plupart des faits. Mais confronté par ses interlocuteurs, il leur a dit qu’il n’aimait pas le ton sur lequel ils lui parlaient et leur a lancé « d’aller se faire foutre », avant de raccrocher.

Les agents de libération de Harmali recommandaient que sa libération conditionnelle soit révoquée.

« L’étude de votre dossier et votre audience ont mis en évidence des difficultés personnelles et d’adaptation sociale majeures. Vous adhérez à des valeurs délinquantes, avez des fréquentations négatives qui adhèrent aux mêmes valeurs marginales et antisociales que vous et vous avez de grandes difficultés à gérer adéquatement vos émotions. Vous avez un important problème d’impulsivité et avez une forte propension à utiliser la violence pour arriver à vos fins. La Commission est d’avis que vous valorisez le recours à la violence, aux menaces et à l’intimidation dans votre processus de résolution de conflits », écrit le commissaire aux libérations conditionnelles chargé du dossier dans une décision de dix pages rendue en début de semaine.

Malgré tout, ce dernier estime qu’Harmali n’a pas violé ses conditions. Il lui donne « le bénéfice du doute » et annule la suspension de sa libération conditionnelle, car il est convaincu qu’une récidive de sa part, avant l’expiration de sa peine, ne présentera pas un risque inacceptable pour la société.

Avant d’être condamné, Harmali a été identifié comme la tête dirigeante d’un réseau de trafic d’objets interdits par drones en prison, peut-on lire dans la décision du commissaire.

Il a fait l’objet de huit ordonnances d’interdiction de posséder une arme au total.

Il a plusieurs antécédents criminels, notamment de vol qualifié, agression armée, introduction avec effraction, voies de fait, extorsion, possession d’une arme prohibée ou à autorisation restreinte, violation de domicile, trafic de stupéfiants, vol, fraude et entrave à un agent de la paix.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Conditions imposées à Harmali

  • Rester en maison de transition, rentrer tous les soirs.
  • Ne pas fréquenter toute personne impliquée dans la criminalité ou les gangs de rue.
  • Ne pas fréquenter les établissements titulaires de permis d’alcool.
  • Ne pas entrer dans un établissement où des chambres sont louées.
  • Ne pas consommer de drogue.
  • Chercher et garder un emploi.
  • Divulguer toutes ses transactions financières.
  • Suivre un programme contre la violence.