Le drame survenu lundi à Bois-des-Filion, où un petit garçon de 3 ans a été abattu, témoigne de l’imprudence et de l’insouciance des jeunes manipulant des armes prohibées, un phénomène maintes fois dénoncé ces dernières années.

« C’est une histoire qu’on s’attend plus à voir dans le sud des États-Unis. La prolifération des armes prohibées, c’est ça que ça donne », lance d’emblée André Gélinas, sergent-détective retraité de la division du renseignement du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Un garçon de 3 ans qui meurt par balle, « ça frappe l’imaginaire ».

Plusieurs questions demeurent deux jours après le drame. La petite victime était en visite chez des membres de sa famille quand elle a été abattue dans une résidence de Bois-des-Filion.

Un jeune homme de 19 ans, Yacine Mehennaoui, a d’ailleurs été accusé d’avoir causé la mort par négligence criminelle de l’enfant en bas âge retrouvé gravement blessé lundi soir. Le suspect était l’une des trois personnes âgées de 17 et 19 ans appréhendées par les autorités le soir du drame. Selon nos informations, le trio surveillait l’enfant, qui était en visite chez de la famille.

On a vu au Québec, surtout à Montréal, des balles perdues lors de règlements de comptes ou de tentatives de meurtre dans un contexte de conflits. A priori, la mort du petit garçon serait accidentelle, ce qui est beaucoup plus rare au Canada, selon M. Gélinas.

On se ramasse avec des criminels moins expérimentés, mais qui ont tout de même des contacts pour se procurer des armes.

André Gélinas, sergent-détective retraité du SPVM

Le danger des armes illégales

Le fait que le suspect aurait essayé de se débarrasser de l’arme pourrait signifier qu’il s’agit d’une arme illégale, selon le sergent-détective. D’ailleurs, Mehennaoui a été accusé de possession d’une arme prohibée.

L’histoire de Bois-des-Filion témoigne de la menace que représentent ces jeunes qui exhibent des armes pour « se prouver » et du danger des armes prohibées.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

« Quand tu es entraîné à utiliser une arme à feu, tu ne la manipules pas de façon insouciante. Rien en ce moment ne nous protège réellement contre les armes illégales », résume M. Gélinas.

Les gens qui sont formés à se servir d’un pistolet ne le pointent jamais sur une cible qu’ils veulent éviter, explique Stéphane Wall, superviseur retraité du SPVM, spécialisé en usage judicieux de la force. Un policier, poursuit-il, manipule toujours son arme en considérant qu’elle est chargée. « Ce sont des habitudes élémentaires. Les jeunes criminels n’ont pas cette conscience-là. Ils apprennent sur le tas et s’inspirent des gangsters dans les films. Ils banalisent ça. »

L’évènement tragique rappelle la nécessité de faire plus de prévention auprès des jeunes, qui sont plus exposés aux armes que jamais à l’école et sur les réseaux sociaux.

« Il y a beaucoup de sensibilisation à faire là-dessus. Et pas juste auprès des gens qui sont dans la criminalité, des jeunes en général », estime M. Wall.

« C’est triste, mais ça pourrait arriver de plus en plus. »