Une famille montréalaise a vécu un véritable cauchemar, il y a deux ans, lorsque deux hommes masqués, dont l’un avait une arme à feu, ont fait irruption dans leur logement. Un épisode terrifiant raconté par un couple au jury lundi, au procès de Darryl Reddick.

« J’ai entendu l’arme à feu s’armer derrière ma tête », a confié Emilie Emond-Merkley, à la barre des témoins.

Darryl Reddick, 43 ans, est accusé d’introduction par effraction dans un dessein criminel, de vol qualifié et d’usage d’une fausse arme à feu. Son procès devant jury s’est ouvert la semaine dernière au palais de justice de Montréal. Selon la Couronne, l’homme armé du 2 septembre 2021 est Darryl Reddick. Son complice n’a jamais été identifié.

Emilie Emond-Merkley, son mari Danny Gillett et leur jeune fils visitaient ce jour-là Justin Gorisky et sa conjointe, des membres de leur famille. Les trois enfants des Gorisky étaient aussi sur place. C’est donc quatre enfants âgés de 4 à 11 ans qui ont assisté à cette scène.

En fin d’après-midi, deux hommes débarquent dans l’appartement de la rue Jacques-Hertel, dans Ville-Émard. Visiblement aux aguets, Justin Gorisky jette un coup d’œil vers la porte et décampe en vitesse de l’appartement en apercevant les intrus. C’est lui qui était visé par les braqueurs. Il rejoint aussitôt l’appartement de sa mère, dans le même immeuble, pour appeler le 911.

« On était terrifiés. J’étais sonné », relate Danny Gillett.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

C’est dans cette pièce que les enfants et les adultes se trouvaient pendant le braquage à domicile.

Les intrus sont maintenant seuls dans le logement avec le reste de la famille du principal intéressé. Or, leur cible n’est plus là. Danny Gillett décrit celui qui tient l’arme à feu comme un homme de 6 pieds 2 pouces, à la peau foncée et à l’accent jamaïcain. « Où est Jay ? », répète-t-il.

« Ça a duré trois minutes, mais j’avais l’impression que c’était une éternité », poursuit Danny Gillett. « Je regarde ma femme et mon fils. J’avais des milliers de scénarios dans ma tête. »

Pendant ce temps, sa femme s’occupe de leur jeune fils, captivé par des friandises. « On essayait de se faire oublier. Ma femme essayait de dire à mon fils que c’était normal », dit Danny Gillett.

À ce moment, l’homme armé demande à la femme de Justin Gorisky d’entrer dans une chambre, mais celle-ci refuse. « Elle était devant les enfants comme une protectrice. Comme une mère », décrit le témoin.

Puis, selon les témoins, le complice de l’homme armé est ensuite parti avec quelque chose avec lui. Selon la Couronne, il s’agit d’un coffre-fort.

Danny Gillett s’est alors précipité vers la sortie avec sa famille. Sur des images de surveillance présentées au jury, on peut le voir sortir en trombe de l’immeuble, son fils dans ses bras. Il n’était alors même pas conscient que l’une de ses nièces le suivait. Sous le coup de l’adrénaline, il a sauté dans son véhicule, mis son fils sur ses genoux et a démarré à toute vitesse.

« Je ne pense pas que j’aurais pu partir plus vite que ça ! », a-t-il lâché.

En partant, il a croisé les deux intrus qui couraient en direction de leur véhicule de fuite, une Honda bleue.

Le procès se poursuit mardi devant la juge Éliane B. Perreault.

MMarie-Josée Thériault fait équipe avec MVéronique Warthold pour le ministère public. MJordan Trevick défend l’accusé.