Un jeune militaire s’est servi du prestige de son uniforme pour manipuler une adolescente de 14 ans sur les réseaux sociaux et l’agresser sexuellement à plusieurs reprises. Alexandre Matheussen risque trois ans et demi de prison, malgré son risque élevé de récidive.

Ce qu’il faut savoir

  • Alexandre Matheussen était caporal de la Réserve des Forces canadiennes lorsqu’il a agressé sexuellement une adolescente de 14 ans.
  • Les parties suggèrent une peine de trois ans et demi de pénitencier. Les conséquences sont dramatiques pour la victime.

« Je pensais que c’était sécuritaire de lui parler : un homme militaire. Ça a tout pour convaincre qu’on est en sécurité. Il a tout fait pour me convaincre qu’il était un bon gars. Il a utilisé ma vulnérabilité à son avantage. Il est censé protéger les gens, pas abuser de leur confiance, les manipuler et les briser », a confié l’adolescente dans une lettre poignante lue en salle d’audience jeudi lors des observations sur la peine de son agresseur.

Alexandre Matheussen, un caporal de 22 ans de la Réserve des Forces canadiennes, a été arrêté en janvier 2022 alors qu’il était en pleine opération de vaccination. Relevé depuis de ses fonctions, il a plaidé coupable en mai dernier à des chefs de contact sexuel et de leurre.

Le Montréalais a commencé à discuter avec la victime, alors âgée de 13 ans, sur l’application Snapchat. Le prédateur décrivait à l’adolescente les gestes dégradants qu’il aimerait la voir faire et lui réclamait des photos d’elle. Il lui envoyait aussi des photos de son pénis.

À l’été 2021, Alexandre Matheussen rencontre la victime en personne. Il va même la chercher chez elle. Il profite de ces virées en voiture pour agresser l’adolescente. Une fois, dans une rue sans issue, il insiste pour avoir une relation avec pénétration, mais la jeune fille refuse constamment. Il lui tire alors les cheveux et la force à lui faire une fellation.

« Ce qu’il m’a fait ne me définit pas »

Ces agressions ont marqué l’adolescente au fer rouge : perte de confiance envers les hommes, sexualité déréglée, perte d’appétit, cauchemars, difficultés scolaires, etc. De plus, elle a contracté une ITSS (infection transmissible sexuellement et par le sang).

« Je perçois du jugement de la part des autres lorsque j’en parle. Cela vient avec beaucoup de questions, et je me sens comme si je devais m’expliquer. Ça ne devrait pas être moi qui m’explique et qui revis encore et encore les agressions. Je réalise que ce n’est pas de ma faute, mais bien de la sienne. Ce qu’il m’a fait ne me définit pas et ne me définira jamais », conclut l’adolescente dans sa lettre.

Les parties ont suggéré au juge Pierre E. Labelle une peine de trois ans et demi de pénitencier. « Chacun a mis de l’eau dans son vin », a illustré le procureur de la Couronne, Me Jérôme Laflamme. À ses yeux, cette peine est raisonnable compte tenu de la reconnaissance de culpabilité de l’accusé – ce qui a évité un procès – et de son absence d’antécédents.

Comme facteur aggravant, le procureur retient particulièrement le risque de récidive toujours « élevé » d’Alexandre Matheussen, selon un rapport. « Ce n’est rien pour rassurer », a même ajouté MLaflamme.

L’avocat de la défense, MMichael Morena, a souligné que son client avait exprimé des regrets pour ses gestes et démontrait une certaine prise de conscience.

Le juge rendra sa décision dans deux semaines. Il a ordonné l’incarcération immédiate d’Alexandre Matheussen.