(Québec) Le procès très attendu des deux anciens joueurs des Tigres de Victoriaville accusés d’agression sexuelle sur une fille de 17 ans s’est ouvert d’une bien singulière façon, mardi, au palais de justice de Québec.

L’audience était à peine commencée que l’avocat d’un des joueurs a demandé sa suspension. De longues discussions entre les avocats de la défense et les procureurs de la Couronne ont eu lieu derrière des portes closes.

De quoi discutaient ainsi les avocats ? Rappelons que Nicolas Daigle et Massimo Siciliano, 21 ans, n’ont toujours pas fait savoir s’ils plaidaient coupable ou non.

Le juge Thomas Jacques avait rendu une décision lourde de conséquences pour la défense le 4 octobre dernier, en admettant en preuve le contenu saisi des téléphones cellulaires des joueurs.

Une ordonnance de non-publication nous empêche de dévoiler le contenu des appareils.

« Nous avons des discussions au niveau de l’admission de la preuve, qui évolue au point tel qu’on espère que c’est un procès qui se fera en admissions complètes », a fait savoir au magistrat Me Michel Lebrun, avocat de Nicolas Daigle.

Me Lebrun a demandé que le procès soit reporté à mercredi après-midi, ce qu’a accepté le juge Thomas Jacques.

Quand des faits sont admis, il n’est pas nécessaire de produire une preuve formelle au procès. De telles admissions sont courantes avant une reconnaissance de culpabilité. Dans le cas où les accusés plaideraient non coupable, elles pourraient permettre d’accélérer ce procès prévu pour 11 jours.

« Procès de l’année »

Le procès pour agression sexuelle des deux anciens hockeyeurs doit être le premier à survenir depuis qu’a éclaté le scandale de Hockey Canada. La fédération canadienne de hockey a en effet dû admettre, après plusieurs enquêtes journalistiques, que depuis 1989, elle a payé 8,9 millions de dollars pour régler en secret 21 plaintes d’abus sexuel présumément commis par des joueurs.

« C’est le procès de l’année », a laissé échapper l’un des avocats des accusés en se tournant vers la rangée de journalistes dans la salle d’audience mardi matin.

Le journaliste à l’origine des révélations entourant le scandale de Hockey Canada, Rick Westhead de TSN, était d’ailleurs présent au palais de justice de Québec mardi.

Nicolas Daigle et Massimo Siciliano sont accusés d’avoir agressé sexuellement une adolescente de 17 ans en juin 2021 et d’avoir produit un enregistrement vidéo à son insu. Daigle est aussi accusé d’avoir partagé les images.

La présumée agression se serait produite dans la nuit du 5 au 6 juin 2021. Quelques heures plus tôt, les Tigres de Victoriaville avaient gagné leur première Coupe du président en près de 20 ans, contre les Foreurs de Val-d’Or.

Les deux jeunes hockeyeurs, qui avaient 19 ans lors de cette soirée-là, séjournaient dans un hôtel de la région de Québec avec leurs coéquipiers. C’est là qu’avaient lieu les célébrations après la victoire.

C’est aussi là, dans une chambre, que la victime alléguée dit avoir été agressée par les deux joueurs. L’adolescente alors âgée de 17 ans était employée de l’hôtel.

Le 6 juin au soir, la jeune fille accompagnée de sa mère a porté plainte dans un poste de police de la capitale. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déposé les accusations quatre mois plus tard, en octobre 2021. Le lendemain, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) a suspendu les deux joueurs pour une durée indéfinie.