(Ottawa) Les homicides perpétrés contre des femmes et de jeunes filles autochtones sont moins susceptibles de donner lieu à l’accusation de meurtre la plus grave, soit au premier degré, que dans les cas où les victimes étaient des non autochtones, selon un nouveau rapport de Statistique Canada.

L’étude, publiée mercredi, avait pour but d’analyser comment les homicides de femmes et de jeunes filles autochtones ont été traités par le système judiciaire et comment les résultats de ces cas ont été comparés à ceux des femmes et des jeunes filles non autochtones.

Plus de la moitié des dossiers impliquant des femmes et des filles non autochtones entre 2009 et 2021 ont entraîné des accusations de meurtre au premier degré.

Mais lorsque la victime était autochtone, la police a porté ou recommandé ce chef d’accusation deux fois moins souvent. Les infractions de meurtre au second degré et d’homicide involontaire ont été plus fréquentes.

Au cours de cette période, les femmes et les filles autochtones ont été tuées à un rythme six fois supérieur à celui des femmes et des filles allochtones, note Statistique Canada.

La publication du rapport coïncide avec la Journée des Sœurs par l’esprit et la Journée nationale de commémoration pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, ainsi que pour les personnes 2SLGBTQIA+.

Le terme 2SLGBTQIA+ désigne notamment les personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, en questionnement, intersexuées et asexuelles.

Les organisations de défense des droits ont utilisé cette journée comme cri de ralliement pour sensibiliser à la violence envers ces groupes et pour appeler à l’action afin d’améliorer leur sécurité.

L’agence fédérale indique que 87 % des homicides de femmes et de filles autochtones sont résolus, contre 90 % des cas où la victime était une femme ou une fille non autochtone. Les deux catégories affichent le même taux de condamnation, à savoir 55 %.

Les données montrent que la plupart des femmes et des filles autochtones ont été tuées par quelqu’un qu’elles connaissaient et que l’accusé était probablement autochtone.

En 2019, le gouvernement fédéral a publié le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, qui comprenait 231 appels à la justice.

Deux ans plus tard, le gouvernement a publié un plan d’action national visant à répondre à ces appels.

L’Association des femmes autochtones du Canada a suivi les résultats annuels du gouvernement en ce qui concerne la mise en œuvre du plan et a qualifié les progrès d’Ottawa d’« échec » dans son rapport le plus récent.

Peu d’actions promises ont été menées à terme, tandis que d’autres ont connu des « progrès marginaux » ou sont restées inachevées, selon le rapport de juin 2023.

Dans une déclaration commune publiée mercredi, Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones, Dan Vandal, ministre des Affaires du Nord, Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtones, et Marci Ien, ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse du Canada, ont promis d’améliorer la situation.

« Pour toutes les familles, les survivants et les communautés qui vivent avec la perte de leurs proches disparus ou assassinés, nous devons faire mieux, et nous le ferons. »

S’adressant aux journalistes mercredi matin au sujet du rapport de Statistique Canada, M. Anandasangaree a déclaré qu’il existe des problèmes de racisme systémique au sein du système de justice pénale.

« Il y a certainement beaucoup de travail à faire et je ne pense pas que le rapport d’aujourd’hui devrait être choquant. Il fait malheureusement partie de l’héritage colonial que nous essayons de défaire », a-t-il dit.