Des interpellations datant d’il y a 10 ans reviennent hanter l’agent Sanjay Vig : la défense s’est attaquée à la crédibilité du policier en passant au peigne fin son travail. Il n’a aucune tache déontologique ou disciplinaire à son dossier, insiste celui qui aurait été victime d’une tentative de meurtre il y a deux ans.

Le contre-interrogatoire de Sanjay Vig s’est poursuivi lundi dans le procès devant jury d’Ali Ngarukiye, accusé d’avoir tenté de tuer et de désarmer l’agent du SPVM.

Le 28 janvier 2021, le policier avait été frappé à la tête à coups de barre de métal par son assaillant. Ce dernier s’était emparé de son arme après une violente bagarre, laissant Sanjay Vig gravement blessé.

Selon la théorie de la Couronne, Ali Ngarukiye aurait planifié l’attaque envers le policier trois jours à l’avance. Il aurait volé des véhicules en les plaçant à des endroits stratégiques.

L’avocate de la défense MSharon Sandiford a talonné l’agent Vig au sujet d’une interpellation survenue en 2018 en lien avec une infraction au Code de la sécurité routière. Le policier aurait hâtivement menotté l’automobiliste qui tardait à fournir ses preuves d’identification et l’aurait extirpé de sa voiture, a suggéré la défense.

La scène, filmée à l’époque par une caméra de surveillance, a été présentée au jury. On y voit Sanjay Vig et une collègue intervenir auprès du conducteur en question.

Selon Vig, l’intervention n’a rien de brutal, d’excessive ou violente. « S’il avait été coopératif, je ne l’aurais pas menotté », s’est-il justifié en contre-interrogatoire.

La défense lui a demandé s’il savait que l’automobiliste avait consulté un médecin la journée d’après pour des douleurs à l’épaule, au coude et à la cheville.

Sanjay Vig dit qu’il ne se souvient pas avoir été mis au courant.

« Je n’ai pas de tache à mon dossier », a insisté l’agent Vig. « Les gens peuvent dire bien des choses quand ils ne sont pas contents d’avoir une amende. Je n’ai jamais poussé personne ».

La défense a laissé entendre qu’un citoyen s’était plaint d’avoir été traité de « tapette » lors d’une autre interpellation impliquant Sanjay Vig.

Le policier a vivement réagi. « Je ne veux pas lui manquer de respect, mais monsieur est un menteur. C’est complètement faux, ridicule et outrageux. Je ne suis pas homophobe », a martelé le policer au jury.

Tout ce qu’il dit sont des mensonges. [Cet homme] a de sérieux problèmes. Cet homme fait une fixation sur moi, il a même appelé les médias.

Sanjay Vig

La défense a mentionné un autre incident datant d’il y a 10 ans où Vig aurait dit à un citoyen de se taire. Il a nié avoir été impoli. « Je ne parle pas comme ça », a-t-il répondu à MSandiford.

Il affirme n’avoir aucun souvenir de cet automobiliste.

Deux versions différentes

Mamadi Camara, un homme dans la trentaine, se trouvait sur la scène lors de la tentative de meurtre après avoir été interpellé par l’agent Vig le 28 janvier 2021. M. Camara avait été arrêté à tort en lien avec l’agression, puis finalement innocenté.

Ali Ngarukiye sera ensuite arrêté quelques mois plus tard pour la tentative de meurtre contre le policier.

Le policier Sanjay Vig s’est une fois de plus défendu lundi d’avoir une version différente de celle de Mamadi Camara durant son contre-interrogatoire. Il ne s’est jamais fâché contre M. Camara malgré la fureur de ce dernier, a-t-il répété au jury.

« C’est plate se faire dire qu’on est un menteur en sachant pertinemment que oui il était au cellulaire. […] C’est comme se faire prendre pour une valise », a-t-il souligné.

M. Camara avait offert au jury un récit totalement différent il y a quelques jours. Lors de son témoignage, l’homme dans la trentaine avait raconté au jury être demeuré courtois et calme. Sanjay Vig avait plutôt décrit un homme furieux qui criait et avait « des couteaux dans les yeux. »

Il a nié au cours de son contre-interrogatoire avoir eu la main sur son arme de service peu avant l’agression.

« Je vous suggère que ce conducteur n’a pas crié, que vous avez essayé de le convaincre qu’il avait un cellulaire au volant », a remis en doute MSharon Sandiford, l’avocat de la défense.

Le procès mené par le juge François Dadour se poursuit cette semaine au palais de justice de Montréal.