« C’était des coups pour tuer » : c’est ainsi que le policier Sanjay Vig a décrit l’agression qui a failli lui coûter la vie il y a deux ans. Alors blessé et affaibli, il avait la certitude que Mamadi Camara l’avait attaqué, vu sa « ressemblance frappante » avec le suspect, selon l’agent du SPVM.

Couvert de sang, extrêmement affaibli et « en mode survie » : le policier a décrit une violente bagarre où il pensait qu’il allait mourir, dans son témoignage jeudi au procès d’Ali Ngarukiye, 23 ans. Ce dernier est accusé de tentative de meurtre contre l’agent du SPVM, ainsi que de l’avoir désarmé.

L’évènement avait fait grand bruit : Mamadi Camara, un homme dans la trentaine, se trouvait sur la scène lors de la tentative de meurtre et avait été arrêté à tort en lien avec l’agression. Il avait été incarcéré pendant six jours, puis finalement innocenté.

Ali Ngarukiye sera finalement arrêté en mars 2021 pour la tentative de meurtre contre le policier.

Sanjay Vig venait d’interpeller Mamadi Camara au moment de l’agression. M. Camara avait affirmé plus tôt dans ce procès être demeuré courtois et calme.

L’agent Vig a souligné au jury la ressemblance frappante entre M. Camara et son agresseur, ajoutant qu’il était en état de panique.

« Je vois que la personne qui m’attaquait était une personne noire. Pour moi, la ressemblance entre les deux est flagrante. J’étais convaincu à ce moment-là que l’agresseur, c’était M. Camara, un conducteur que j’avais intercepté », a dit Sanjay Vig au jury.

Il avait cette certitude, dit-il, à cause de l’agressivité et des cris incessants de Mamadi Camara lorsqu’il lui avait remis une contravention. L’attaque est survenue juste après l’interpellation, a-t-il ajouté.

Conducteur furieux

Nous sommes le 28 janvier 2021. L’agent Vig participe à une opération de sécurité routière dans le secteur de Parc-Extension, a-t-il résumé au jury. Il aperçoit un conducteur qui utilise son cellulaire, a-t-il précisé.

L’agent Vig a décrit la vive colère de Mamadi Camara, l’automobiliste interpellé. « Il baisse sa vitre et dit : “Quoi, quoi, quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?” », a précisé le policier.

Il affirme lui avoir expliqué l’infraction. « Il crie après moi. Il est très, très, très en colère que je l’intercepte », décrit le témoin.

La fureur de l’automobiliste augmente et le ton monte, selon le récit de l’agent Vig au jury. « Son cou est crispé et je vois les veines. Il avait du feu dans les yeux et comme des couteaux qui veulent sortir des yeux. C’était vraiment plus qu’une personne fâchée régulièrement », s’est-il remémoré.

Mamadi Camara a témoigné au début du procès d’Ali Ngarukiye plus tôt ce mois-ci. Il avait raconté avoir été interpellé par l’agent Vig pour une infraction en lien avec le cellulaire au volant.

« Je ne me souviens pas d’avoir utilisé mon téléphone », avait expliqué le témoin. Il avait affirmé être resté calme dans la voiture, sans lever le ton. « Je n’étais pas fâché », avait-il répondu lors du contre-interrogatoire.

Il avait appelé les autorités lors de l’agression, avait-il expliqué au jury. Il a même demandé à un agent arrivé en renfort s’il devait demeurer sur les lieux pour recevoir sa contravention.

Attaque violente et soudaine

« Et là, tout d’un coup, boom ! » : l’agent Vig a décrit le violent coup reçu derrière la tête après quelques pas vers sa voiture de patrouille. « Ça a fait très mal. Le sang montait à ma tête. J’ai vu des étoiles. »

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Arme du crime

Il se retourne et voit l’agresseur devant lui, a-t-il dit. « J’étais sûr que c’était le conducteur. C’était de façon continue et je venais de faire affaire avec un conducteur agressif. »

L’assaillant continue à le rouer de coups. Les deux hommes se retrouvent au sol. « C’était des coups pour tuer », a soutenu l’agent Vig.

Je sens vraiment que je suis sur le bord de mourir à ce moment-là. Mais je suis en mode survie.

L’agent Sanjay Vig au jury

L’assaillant se met à tirer sur l’arme de service de l’agent Vig, selon sa version des faits.

« C’est évident qu’il essaie de me désarmer. » Extrêmement affaibli, le policer au sol ne parvient pas à retenir son arme, a-t-il ajouté.

« J’ai pensé : il va m’exécuter directement sur la rue. J’avais deux jeunes enfants à ce moment-là. […] J’allais tomber sans connaissance », a confié l’agent Vig. Il trouve la force de se relever en pensant à ses enfants. « J’avais une image claire. Ils me disaient : papa si tu ne t’en vas pas, on ne te reverra plus. »

Il s’éloigne de l’agresseur en courant. Il entend un tir et déduit que l’homme a fait feu en sa direction. Sanjay Vig se réfugie ensuite dans un logement du secteur et demande du renfort.

Le témoignage du policier se poursuivra ce vendredi.

MJasmine Guillaume et MLouis Bouthillier représentent la Couronne. MSharon Sandiford et MMoana Franco défendent l’accusé dans ce dossier.