Alexandre Boudreau-Chartrand a raconté aux premiers répondants s’être « pogné » et « chicané » avec sa conjointe le matin de sa mort. « Hein, comment ça ? », a répondu l’accusé quand un ambulancier lui a annoncé le décès d’Andréane Ouellet

Ces paroles d’Alexandre Boudreau-Chartrand n’ont toutefois pas été présentées en preuve pendant le procès. C’est donc sans connaître ces détails que le jury a commencé à délibérer mercredi après-midi au palais de justice de Joliette. Ils doivent déterminer le sort de l’homme de 38 ans, accusé du meurtre au second degré de sa conjointe et mère de leurs cinq enfants.

Déjà, les jurés ont demandé jeudi matin de réécouter deux témoignages clés du procès, celui d’une professionnelle, dont on ne peut révéler l’identité, et d’une amie proche du couple. Rappelons que le jury doit rendre un verdict unanime. Les douze jurés demeurent séquestrés jusqu’à ce moment.

Selon la Couronne, Alexandre Boudreau-Chartrand était en colère en raison de l’infidélité de sa conjointe. Un jour de septembre 2020, il s’est acharné sur Andréane Ouellet en la frappant avec une force « inouïe », puis a tenté de camoufler son crime en racontant aux policiers et aux ambulanciers qu’elle avait tenté de se suicider avec des médicaments et en déboulant dans les escaliers, a plaidé la Couronne.

Or, selon les experts entendus au procès, il est pratiquement impossible qu’Andréane Ouellet soit morte en tombant dans les escaliers. La femme de 32 ans n’avait également pas ingéré une quantité importante de médicaments, même si des dizaines de pilules étaient éparpillées au sol de leur résidence.

Les déclarations de premiers répondants présentées dans le cadre de requêtes préliminaires permettent d’en apprendre davantage sur la version d’Alexandre Boudreau-Chartrand, qui n’a pas témoigné au procès. Ainsi, il relate à un ambulancier avoir retrouvé sa conjointe « couchée dehors, en avant, dans le gazon », puis l’avoir transportée jusque dans la cuisine.

Il dit à un ambulancier s’être « chicané » avec Andréane Ouellet ce matin-là. « [Boudreau-Chartrand] a dit qu’il avait commencé à l’entendre frapper, brasser en bas et faire du bruit. Il mentionne qu’il l’a entendue crier un coup, puis le bruit a cessé. Il mentionne que la victime était saoule », résume la Couronne. Cette déclaration a été déclarée admissible, mais le ministère public a visiblement choisi de ne pas la présenter au procès.

Un autre ambulancier indique pour sa part que Boudreau-Chartrand disait avoir entendu ce matin-là des « beding bedang » et un cri « Ahhhh ! » en bas, alors qu’il se trouvait à l’étage. Néanmoins, il n’est pas descendu voir ce qui se passait avec sa conjointe. Dans l’appel 911, on peut entendre Boudreau-Chartrand dire qu’Andréane Ouellet avait déboulé les escaliers le matin de sa mort.

Selon la version de l’accusé, sa conjointe serait morte lorsqu’il s’est absenté pendant un peu plus d’une heure en début d’après-midi pour se rendre à un rendez-vous extrêmement important pour leur couple – on ne peut pas en révéler davantage. L’absence d’Andréane Ouellet avait d’ailleurs été remarquée par les personnes présentes.

La défense a essentiellement plaidé que la preuve de la poursuite n’était pas assez forte pour condamner Alexandre Boudreau-Chartrand, puisqu’on ignore ce qui s’est « passé exactement ». La cause précise de la mort d'Andréane Ouellet demeure un mystère, selon la défense. « Est-ce un coup ? Une chute ? On ne sait pas ! », a insisté MÉlise Pinsonnault dans sa plaidoirie.