La mère d’une victime d’un accident de la route poursuit un sergent de la Sûreté du Québec

Un morceau de crâne jeté dans la forêt parce qu’il n’avait « aucune valeur » : un sergent de la Sûreté du Québec est aujourd’hui visé par une poursuite de la mère du défunt.

La vie de Nathaly Rivard a basculé le matin du 8 octobre 2021, quand deux policiers de la Sûreté du Québec (SQ) se sont présentés à sa porte. Dans la nuit, son fils unique, Thommy Whissell, 14 ans, a perdu la vie dans un accident de moto à Saint-Émile-de-Suffolk, en Outaouais.

En après-midi, Mme Rivard décide de se rendre, accompagnée de son conjoint et de ses proches, sur les lieux de l’accident. Là, elle est « pétrifiée », selon des documents judiciaires obtenus par La Presse : « La scène n’a que peu ou pas été nettoyée. » Elle y voit une longue traînée de sang de même que des effets personnels appartenant à son fils.

Quelques jours plus tard, le 12 octobre, Mme Rivard se rend de nouveau à l’endroit où son fils a perdu la vie. Son conjoint trouve alors un morceau d’os qui se révèle être une partie de la boîte crânienne de Thommy. « Sur le morceau, des cheveux correspondant à la longueur et à la couleur de ceux de Thommy », peut-on lire dans le document judiciaire.

« Échange désagréable »

Sans tarder, Mme Rivard contacte la police. C’est le sergent Sébastien Plouffe, de la SQ, qui arrive sur les lieux le premier. Ce dernier, « insensible à la situation », affirme qu’il n’est pas rare que ne soient pas ramassés des restes humains quand il ne s’agit pas d’une scène de crime. « Selon lui, le morceau de crâne n’avait aucune valeur pour les policiers », selon le récit des faits.

« Stupéfaite », la mère endeuillée « hausse le ton » jusqu’à l’arrivée d’un autre agent qui, lui, fait preuve « d’humanité et de compréhension ». Il assure que les policiers prendront le morceau de crâne.

Au lendemain de cet « échange désagréable », la maison funéraire joint Mme Rivard pour l’informer de l’incinération prochaine du corps de son fils. Elle s’y oppose, expliquant qu’un morceau de crâne était manquant, et « demande à ce que le processus soit repoussé ».

Le 18 octobre toutefois, Mme Rivard est informée par la SQ que le morceau de crâne de son fils est introuvable – avant d’apprendre le lendemain qu’il a finalement été retrouvé. Elle décide de se rendre à la morgue, où est apporté le morceau de crâne, qu’elle trouve en « piètre état comparé à celui qu’elle avait vu initialement ». « Il est notamment couvert de résidus s’apparentant à des feuilles mortes. »

Jeté sans égard

Mme Rivard apprend le 8 novembre, après les funérailles de son fils, que le sergent Sébastien Plouffe « se serait débarrassé du morceau de crâne en le jetant tout simplement dans la forêt ». Un an plus tard, en octobre 2022, elle découvre grâce à une demande d’accès à l’information que le morceau de crâne a été retrouvé « après des heures » de recherches conduites par « de nombreux policiers » de l’Unité d’urgence.

Mme Rivard reproche aujourd’hui à M. Plouffe d’avoir « dérogé au comportement qu’aurait eu un policier raisonnable dans les circonstances ». Elle se dit « incapable de faire le deuil de son fils » et affirme être submergée d’idées dépressives et hantée de cauchemars.

Elle s’est donc tournée vers la Cour supérieure pour exiger de Sébastien Plouffe 25 000 $ en dommages punitifs. Elle souhaite également obtenir de la cour 135 000 $ à titre de dommages pécuniaires en raison de son incapacité à travailler depuis le drame.