(Ottawa) Le procès de deux des organisateurs du « convoi de la liberté », Tamara Lich et Chris Barber, est mis sur pause et devrait reprendre le 11 octobre.

Le tribunal a terminé vendredi d’entendre le témoignage de Serge Arpin, chef de cabinet du maire d’Ottawa à l’époque de la manifestation.

Le témoin de la Couronne a expliqué comment la Ville avait réagi à la manifestation qui a paralysé une partie du centre-ville de la capitale fédérale pendant trois semaines, à l’hiver de 2022.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Chris Barber

M. Arpin a également témoigné de ses interactions avec les organisateurs du convoi, alors qu’il concluait un accord, au nom du maire Jim Watson, pour déplacer les gros camions hors des quartiers résidentiels.

Le chef de cabinet et le maire espéraient que cet accord permettrait à quelque 400 poids lourds de quitter les quartiers résidentiels d’Ottawa.

La présentation des éléments de preuve devait initialement être terminée à ce moment du procès, qui devait durer 16 jours. Mais M. Arpin n’est que le quatrième témoin appelé à la barre et la Couronne prévoit faire entendre 22 témoins. Le tribunal se demande combien de temps il faudra encore consacrer pour clore ce procès.

La juge Heather Perkins-McVey a identifié plusieurs dates en octobre et novembre.

Lawrence Greenspon, l’avocat représentant Mme Lich, a déclaré qu’il ne souhaitait pas fixer de nouvelles dates d’audience tant que la Couronne n’aurait pas établi une nouvelle estimation plus précise du temps nécessaire pour présenter son dossier.

En date de vendredi, la reprise de l’audience était établie au 11 octobre.

Mme Lich et M. Barber sont jugés pour méfaits, intimidation et pour avoir conseillé à d’autres de commettre des méfaits.

La marche au ralenti des véhicules

La défense a interrogé M. Arpin vendredi sur la manière avec laquelle le conseil municipal et le personnel avaient tenté de mettre fin à la manifestation. En tant que chef de cabinet du maire, M. Arpin a déclaré au tribunal qu’il siégeait à chaque réunion du conseil.

Il a été interrogé sur un changement de règlement le 9 février de l’année dernière qui interdisait la marche au ralenti d’un véhicule à moins que la température extérieure ne refroidisse à -15 °C. Le règlement autorisait à l’origine la marche au ralenti si la température était inférieure à 5 °C.

« Le conseil municipal […] tentait de faire geler les camionneurs et leurs familles », a suggéré Me Greenspon au tribunal.

M. Arpin a déclaré qu’il pensait que l’intention était de mettre un terme à la manifestation.

Il a envoyé des messages texte à l’avocat des organisateurs du convoi, Keith Wilson, les 14 et 15 février, dans un échange qui a été déposé comme preuve au procès.

Les messages laissent croire que le personnel municipal n’a pas informé les organisateurs de la manifestation ni leurs avocats de leur intention de déposer une injonction judiciaire contre les manifestants ayant violé des règlements municipaux.

« Juste pour que vous le sachiez, il est très irrégulier que les avocats de la Ville aient fait cela sans nous en informer, nous, les avocats », a écrit M. Wilson à M. Arpin le 15 février.

« Cela pourrait tout changer. »

M. Arpin a dit à M. Wilson qu’il avait l’impression qu’ils étaient au courant du dossier déposé auprès du tribunal, mais a déclaré au tribunal qu’il ne les avait informés lui-même qu’après que l’injonction eut été accordée par un juge.

Les avocats représentant les organisateurs du convoi n’ont pas eu à l’époque la possibilité de s’opposer à la demande devant le tribunal.

L’accord entre Mme Lich et le maire s’est effondré plus tard dans la journée lorsque la police n’a plus autorisé les camions à se rapprocher du parlement.

M. Arpin a confirmé que le service de police avait subi un changement de commandement ce jour-là à la suite de la démission du chef de la police.

Il s’est excusé auprès de M. Wilson à ce moment, comme le montrent les messages texte.

« Notre objectif a toujours été la désescalade et je sais que vous partagez cet objectif », a-t-il écrit dans un message envoyé à M. Wilson le 16 février.

La Couronne espère reprendre la présentation de son dossier en octobre avec huit témoins locaux d’Ottawa qui ont vécu ou travaillé au centre-ville pendant la manifestation du « convoi de la liberté ».

Me Greenspon a fait valoir que ces témoignages s’apparenteraient à des déclarations de victimes et ne devraient donc pas être autorisés à être entendus pendant le procès.

La juge Perkins-McVey a déclaré qu’elle ne savait pas si elle serait prête à rendre sa décision sur cet argument avant la reprise du procès le mois prochain.

Mme Lich et M. Barber ont déjà admis que des méfaits avaient eu lieu dans la zone de protestation.