Meurtre ou homicide involontaire ? C’est la question au cœur du procès de Stéphane Massé, accusé d’avoir causé la mort de sa conjointe Linda Lalonde en la poignardant une centaine de fois. La poursuite brosse le portrait d’un homme craignant une rupture imminente alors que la défense soutient qu’il était fortement intoxiqué, peu conscient de ses actes.

C’est ce qui est ressorti des plaidoiries dans le procès de Stéphane Massé, accusé de meurtre non prémédité. L’homme de 41 ans aurait tué sa conjointe Linda Lalonde en novembre 2019 à Salaberry-de-Valleyfield.

Le soir fatidique, Stéphane Massé aurait demandé à sa conjointe de fermer les yeux, car il avait « une surprise pour elle ». Il l’aurait ensuite poignardée à 119 reprises dans leur domicile.

Il s’était rendu lui-même à la police peu après les faits.

Un ultimatum

L’accusé et la victime de 49 ans formaient un couple depuis plusieurs années. Stéphane Massé consommait régulièrement de la cocaïne, ce qui déplaisait à sa partenaire.

Linda Lalonde lui avait lancé un ultimatum trois semaines avant le meurtre : ce serait « elle ou la coke », selon le récit de la procureure de la couronne Me Hélène Langis. Elle a rappelé au jury plusieurs propos tenus par l’accusé lors de son interrogatoire avec les policiers après son arrestation. « Ce n’est pas la drogue le coupable, c’est pas le sac de poudre qui l’a poignardée », a-t-il dit.

Ces longs aveux filmés ont d’ailleurs été présentés au jury ces dernières semaines. « Elle était solide, ma petite princesse, elle avait une force de vivre cette femme-là ! », avait-il raconté au sergent-détective. Il décrit avec précision aux policiers ses actions dans ses aveux : il demande à la victime de fermer les yeux, lui donne un baiser sur la tête et lui assène un premier coup de couteau.

La brutalité de l’attaque démontre une intention claire de tuer sa conjointe, soutient la poursuite. Il va même jusqu’à lui enlever son téléphone pour qu’elle n’appelle pas la police et poursuite l’agression alors que la victime tente de se défendre.

Stéphane Massé a également affirmé aux autorités avoir consommé de la cocaïne vers 21 h 30 ou 22 h au moins deux heures avant le meurtre. « Lorsqu’il consomme, il n’a plus d’effet environ une heure après sa dernière dose », a rappelé la couronne.

Pas de dispute avant le meurtre

Malgré les aveux détaillés de Stéphane Massé, il manque certains éléments qui permettraient d’établir sa responsabilité criminelle : c’est la théorie mise de l’avant par l’avocat de la défense MMartin Latour.

L’accusé s’est présenté au poste de police en piteux état le soir du meurtre. Il avait les pupilles dilatées et parlait d’un « bad trip », estime le criminaliste.

Stéphane Massé dit alors avoir consommé et ne pas comprendre ce qui lui est passé par la tête, tout en donnant plusieurs détails aux policiers sur son crime. « Ce n’est pas quelque chose que je voulais, mais je l’ai fait quand même », dit-il alors. L’accusé a également expliqué aux policiers avoir eu l’impression « d’être légume » et que la cocaïne consommée contenait aussi du speed.

« Le fait qu’il n’y ait pas de mobile est susceptible de faire place à un doute raisonnable », a expliqué MLatour au jury. Oui, il y a un ultimatum trois semaines plus tôt. Mais il n’y a aucune preuve qu’ils se sont disputés ou qu’il y avait des tensions, plaide la défense.

« Entre le moment de l’ultimatum et la mort de la victime, il n’y a rien qui se produit entre les deux. »

Le jury devrait commencer ses délibérations lundi après-midi.