(Washington) Une « activiste » autoproclamée du Québec qui a plaidé coupable d’avoir envoyé à Donald Trump une lettre empoisonnée au plus fort de la tentative malheureuse de réélection de l’ancien président en 2020 a été condamnée à près de 22 ans de prison.

Pascale Ferrier, âgée de 56 ans, avait accepté la peine de 21 ans et 10 mois dans le cadre de la réponse à l’accusation en janvier, mais la juge du tribunal de district de D. C., Dabney Friedrich, ne l’a signée que jeudi.

« Je ne suis pas une terroriste », a déclaré Pascale Ferrier à la juge lors d’une audience jeudi au centre-ville de Washington, dans le même palais de justice où Donald Trump a plaidé non coupable d’accusations criminelles il y a deux semaines.

« Les terroristes répandent largement la terreur et la mort en ciblant des personnes innocentes. J’ai vu mes actions comme un acte d’activisme », a-t-elle fait valoir.

Aux termes de l’accord, Pascale Ferrier, née en France, a plaidé coupable à un total de neuf chefs d’accusation liés aux armes biologiques, chacun d’entre eux étant passible d’une peine maximale d’emprisonnement à perpétuité. Un seul d’entre eux est lié à la lettre envoyée à Donald Trump. Les autres sont liés à un acte d’accusation au Texas, où Pascale Ferrier a été accusée d’avoir envoyé des lettres similaires à la police et aux responsables de la prison après une altercation là-bas en 2019.

Elle a été arrêtée à la frontière canado-américaine en septembre 2020 et accusée d’avoir envoyé à l’ex-président des États-Unis une lettre de menace contenant de la ricine, un poison de fabrication artisanale qu’elle a préparé à son domicile dans la région de Montréal.

Interceptée deux mois avant les élections de 2020, la lettre décrivait Donald Trump comme un « affreux clown tyrannique » et l’exhortait à renoncer à sa tentative de se maintenir au pouvoir à la Maison-Blanche.

« Le seul regret que j’aie, c’est que cela n’a pas fonctionné et que je n’ai pas pu arrêter Trump avant qu’il (exécute son plan) pour essayer de rester au pouvoir, a déclaré l’accusée au tribunal. Je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal à des innocents. Et en fait, je n’ai fait de mal à personne. »

Cependant, en prononçant sa peine, la juge Friedrich a reconnu l’écart évident entre les affirmations de Pascale Ferrier de ne pas vouloir de mal, ainsi que son comportement bienveillant derrière les barreaux, et les méthodes qu’elle a utilisées pour manifester son activisme.

« Je suis découragée qu’il n’y ait ni prise de conscience ni volonté de regarder en soi ce qui a provoqué ce comportement très incohérent, presque aberrant, pour votre propre avenir et votre propre tranquillité d’esprit, a déclaré la juge. C’est presque comme deux personnalités différentes. »

Violence politique

Le système judiciaire américain ne voit pas d’un bon œil une telle conduite, a déclaré l’avocat américain adjoint Michael Friedman – un message qui résonne à nouveau à D. C. depuis les émeutes du Capitole du 6 janvier 2021, qui se sont déroulées juste de l’autre côté de la rue.

« Il n’y a absolument pas de place pour la violence à motivation politique aux États-Unis d’Amérique, une nation de lois où le peuple choisit ses dirigeants en votant, a déclaré M. Friedman. La violence politique offense profondément notre histoire et nos traditions démocratiques chéries. »

Un mémorandum sur la peine a indiqué que Pascale Ferrier était une participante enthousiaste et une « contributrice appréciée » aux programmes de réadaptation, et qu’elle a passé beaucoup de temps confinée dans sa cellule pendant la pandémie de COVID-19.

« Les parties exhortent ce tribunal à accepter la peine convenue, non seulement parce qu’elle reflète la peine appropriée pour de tels cas, mais aussi parce qu’une telle peine serait suffisante, mais pas plus que nécessaire », lit-on.

Pascale Ferrier – une personne « démesurément intelligente » et « extrêmement accomplie » titulaire d’une maîtrise en ingénierie, a noté son avocat, Eugene Ohm – a suivi plusieurs cours de l’Université de Georgetown alors qu’elle était derrière les barreaux, obtenant pratiquement juste des « A ».

En effet, la juge Friedrich a accepté d’envisager un délai dans la signature des documents pour s’assurer que Pascale Ferrier serait en mesure d’assister à sa cérémonie de remise des diplômes le mois prochain.

« Vous devez être la majore de la promotion », a-t-elle plaisanté.

Pascale Ferrier a déjà accepté d’être expulsée des États-Unis après avoir purgé sa peine, renonçant à des occasions de réduire son temps derrière les barreaux, et pourrait également faire face à des accusations au Canada de fabrication d’une substance interdite, note le document de condamnation.

Les autorités ont déclaré que lorsqu’elle a été arrêtée alors qu’elle tentait d’entrer aux États-Unis, elle était en possession d’une arme de poing chargée, de près de 300 cartouches, d’un pistolet paralysant, de gaz poivré, d’une matraque et d’un faux permis de conduire texan.