(Montréal) Une victime collatérale d’un incendie criminel visant un commerce de la rue de Bellechasse témoigne de l’angoisse vécue à la suite de son évacuation en pleine nuit tandis que la métropole connaît une vague de crimes de ce type.

« On est insécure, ça fait peur. On ne sait pas c’est qui, on ne sait pas s’ils ont atteint l’objectif et donc s’ils vont revenir, terminer le travail qu’ils ont commencé », souffle Joey Ngayang.

Arrivé de la France il y a environ huit mois, l’homme a emménagé dans ce petit appartement situé au-dessus du salon de coiffure Godiva il y a quatre mois à peine.

Dimanche, vers 1 h 45, un appel au 911 a alerté les services d’urgence à propos d’un objet incendiaire lancé dans un salon de coiffure situé juste sous chez lui, rue de Bellechasse, près de la 38Avenue, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.

« On a entendu des explosifs », raconte M. Ngayang. « La police est venue cogner et nous a demandé de sortir puisqu’il y avait une intervention des sapeurs-pompiers », ajoute l’homme originaire du Cameroun.

Des objets incendiaires

En fin d’après-midi, des travailleurs s’activaient à renforcer la structure de l’édifice ravagé par les flammes. À peine quelques lettres étaient toujours déchiffrables sur la devanture, un indice de la puissance du brasier.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La devanture du salon de coiffure Godiva

« Selon les premières informations, des suspects ont été vus en train de lancer des objets incendiaires sur le commerce. Ils ont pris la fuite à bord d’un véhicule avant l’arrivée des policiers », a indiqué l’agente Caroline Chèvrefils, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Même s’il n’était pas directement visé par le méfait, Joey Ngayang n’est pas rassuré pour autant. « Bellechasse, c’est très tranquille d’habitude », décrit-il, aux côtés du gros purificateur d’air installé temporairement au milieu de son salon.

Les pompiers ont rapidement maîtrisé les flammes. Personne n’a été blessé, d’autant plus que le commerce était fermé à ce moment-là.

Les policiers nous ont dit que s’ils avaient voulu s’en prendre à une cible humaine, ils n’auraient pas fait ça à cette heure-là.

Joey Ngayang, résidant de la rue de Bellechasse

« Les dommages au commerce sont importants. L’enquête a été transférée à la Section des incendies criminels du SPVM, et la scène a été protégée pour les enquêteurs », a précisé l’agente Chèvrefils.

Une vague d’incendies criminels

Les enquêteurs ont déjà interrogé des témoins potentiels. Des vérifications seront faites également sur les caméras de surveillance des commerces situés aux alentours. Tous les locataires évacués ont pu réintégrer leurs appartements, situés au-dessus du commerce.

Cet évènement survient alors que Montréal connaît une vague d’incendies criminels ces derniers mois. Fin juin, des chiffres compilés par La Presse à partir de nouvelles statistiques fournies permettaient d’évaluer à au moins 320 le nombre de ces crimes survenus dans la métropole depuis le début de l’année.

Ceux-ci ont comme toile de fond plusieurs mobiles qui n’ont pas nécessairement de lien entre eux.

Parmi ces mobiles, on retrouve notamment l’extorsion contre des commerçants et des restaurateurs, des disputes entre réseaux de voleurs de véhicules, des dettes, des fraudes à l’assurance et des conflits entre individus ou groupes du crime organisé.

Avec Daniel Renaud, La Presse, et La Presse Canadienne