Gaëlle Fedida, figure de proue en matière de lutte à la violence conjugale au Québec, est morte des suites d’un accident de vélo survenu à Montréal la semaine dernière. Visiblement appréciée de tous, elle laisse dans le deuil des personnes de tous les horizons.

Le lundi 3 juillet, le SPVM a reçu un appel pour ce qui semblait être une chute à vélo, dans l’arrondissement de Ville-Marie. Six jours plus tard, Mme Fedida a tristement succombé à ses blessures, son conjoint et ses enfants à son chevet.

Coordonnatrice politique de l’Alliance des maisons d’hébergement de deuxième étape (Alliance MH2), elle avait consacré sa vie à aider les autres, et particulièrement les femmes en situation difficile. Sans grande surprise, de nombreux hommages élogieux lui ont été réservés.

« Elle a sauvé beaucoup de vies, fait bouger beaucoup de lignes », nous confie fièrement son conjoint, Jean-Sébastien Matte, au téléphone. « C’était une guerrière féministe, avec un combat continuel. »

Elle a toujours consacré toutes ses énergies à combattre les inégalités, particulièrement les iniquités envers les femmes.

Jean-Sébastien Matte, conjoint de Gaëlle Fedida

Dans une publication Facebook touchante, Alliance MH2 la décrit comme une femme « incroyable et lumineuse ». L’organisation dit être en « état de choc », et traverser une période extrêmement difficile.

« Gaëlle était une visionnaire, forte, confiante, inspirante, généreuse et rigoureuse avec des convictions de cœur inextirpables ! Elle aura été une bâtisseuse déterminée à mettre en place des services en violence conjugale postséparation pour toutes les femmes et les enfants à la grandeur du Québec », peut-on y lire.

Avant de s’engager avec Alliance MH2, Gaëlle Fedida œuvrait dans le milieu de l’aide humanitaire. Docteure en droit dès ses 28 ans, elle a notamment travaillé pour Équilibre en Croatie, Action contre la faim et Médecins sans Frontières. Son travail l’a menée un peu partout dans le monde : Burundi, Congo, Afghanistan, France, Suisse, Malawi… nombreux sont ceux qui ont bénéficié de son expertise.

« Partout où elle a œuvré, sa force était sa capacité d’utiliser sa formation de juriste pour la justice en matière de droit à la santé », se souvient Joanne Liu, ancienne présidente de MSF, dans un communiqué.

Les hommages fusent

En mars 2021, dix ans après son installation au Québec, Mme Fedida avait empressé le gouvernement d’agir après qu’une vague de féminicides ait secoué la province. Elle s’indignait qu’on n’accorde pas davantage d’aide aux femmes vivant ce genre de situation difficile.

« Son aplomb, sa franchise parfois déstabilisante, sa rigueur exceptionnelle et son culot hors du commun permettaient à cette fonceuse, déterminée, pleine de bienveillance et d’empathie, d’engager des discussions de fond », ajoute Sabrina Lemeltie, présidente d’Alliance MH2.

Il n’y a pas que l’entourage direct de Gaëlle Fedida qui s’attriste devant cette nouvelle. Sur Facebook, des politiciennes de tous les horizons ont tenu à lui faire leurs derniers adieux.

« Faire avancer la cause des femmes victimes de violence conjugale était tatoué sur son cœur », a écrit Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie, qui l’a rencontrée en mars dernier. « Son départ laisse un vide important dans l’univers féministe au Québec. Je la remercie personnellement pour sa grande contribution dans cette lutte. »

« Le décès de madame Fedida est une grande perte pour ses proches et aussi pour tout le Québec, notamment les femmes en situation de violence conjugale », a pour sa part commenté la porte-parole du Parti québécois, Méganne Perry Melançon. « Je garderai des bons souvenirs de nos échanges et de sa fougue inégalable. »

« Très attristée par la perte d’une grande combattante qui s’est dévouée corps et âme à la lutte contre la violence conjugale et pour les droits des femmes », a soutenu Brigitte Garceau, députée du Parti libéral dans Robert-Baldwin.

« Quelle triste nouvelle ! Nous perdons une grande femme. Mes condoléances à sa famille et amis », a ajouté la députée solidaire de Mercier, Ruba Ghazal.

« Le décès tragique de Gaëlle Fedida nous affecte grandement à Québec solidaire. Elle était brillante, engagée, déterminée, une battante ! », s’est exclamée la co-porte-parole Manon Massé, dans le communiqué transmis à La Presse.

Devant cette vague d’hommages, Jean-Sébastien Matte se dit touché. « C’est précieux, pour moi et mes enfants. C’est essentiel et puissant. »

Jusqu’au bout, Gaëlle Fedida aura été altruiste. Sa volonté de sauver des vies grâce au don d’organes a été respectée. Son conjoint et ses deux enfants, Salomé et Marin, en sont reconnaissants.

La famille, qui organise un rassemblement pour ceux et celles l’ayant connue, les invite d’ailleurs à ne pas acheter de fleurs – et à donner aux causes qui lui étaient chères.